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Reviewed by:
  • Poètes français du 21e siècle: entretiens by Nathalie Wourm
  • Éric Trudel
Wourm, Nathalie. Poètes français du 21e siècle: entretiens. Brill/Rodopi, 2017. ISBN 978-90-04-34209-5. Pp. 149.

Cet ouvrage passionnant mais imparfait rassemble des entretiens menés avec quatorze poètes et deux éditeurs entre 2011 et 2014 (la majorité ayant eu lieu en mai et juin 2011). S'il n'est pas—comme on l'écrit en quatrième de couverture et dans la préface—le "document unique" que les amateurs de poésie contemporaine attendaient "impatiemment depuis longtemps", il sera néanmoins d'un réel intérêt pour ceux et celles qui suivaient déjà le travail de ces voix figurant parmi les pratiques d'écriture les plus intéressantes des quarante dernières années. En s'adressant à Alferi, Cadiot, Chaton, Espitallier, Game, Gleize, Hanna, Maestri & Sivan, Pennequin, Portugal, Prigent, Quintane et Sadin (les deux éditeurs sont le regretté P.O.-L., et Cauwet, des éditions Al Dante), Wourm pose souvent les mêmes questions (influences philosophiques, rapport au politique), ce qui permet de comparer les prises de position et de croiser les perspectives, mais qui donne aussi un aspect figé à ces échanges et, à la [End Page 226] longue, confère une certaine monotonie à l'ensemble. D'autant que ces questions répétées se font au détriment d'un surplus d'attention qu'on aurait voulu voir accordé à ce qui fait la singularité de ces poétiques, trop sommairement présentées si ce n'est—à l'occasion, et fort heureusement—par les écrivains eux-mêmes. Il n'est pas toujours facile, pour le lecteur qui ne connaîtrait pas à l'avance ces œuvres, de s'orienter ou de retracer les divers itinéraires évoqués: seuls certains titres sont cités sans être toujours clairement situés dans l'œuvre, l'auteure s'abstient de tout accompagnement critique (pas de notes pour préciser ou mettre à jour le propos quand il le faudrait, par exemple quand certains projets mentionnés il y a sept ans ont depuis été réalisés), et son introduction offre peu en terme de mise en contexte. C'est d'ailleurs cette introduction qui surprendra, tant Wourm y adopte une hypothèse forte à laquelle elle semble tenir mordicus mais qui, dans une certaine mesure, fausse ensuite son approche dans la conduite des entretiens: elle souhaite déterminer s'il y a eu "un mouvement déconstructionniste en poésie française" et si "la déconstruction était [pour eux] un programme" (1). Or non seulement cette hypothèse—comme d'ailleurs la définition donnée à la déconstruction—laisse songeur, mais c'est jusqu'à la notion de mouvement qui est rejetée par la plupart des poètes consultés, plusieurs insistant au contraire sur l'absence de "volonté du collectif" (10) et parlant plutôt de "nébuleuse" (27), de "collection d'individus" (78), "d'écritures qui se rejoignent" (97), de "moment" (129), jusqu'à rétorquer, devant l'insistance de leur interlocutrice, qu'une "mouvance ne fait pas mouvement" (131). On s'interrogera également sur certains absents, sur l'ordre de présentation des entretiens (dont le principe organisateur reste mystérieux) et sur cette bibliographie peut-être trop sélective (pourquoi ces titres et pas d'autres?), mais ce serait être ingrat de ne pas souligner avec enthousiasme l'importance d'une contribution originale, riche et bienvenue au discours critique sur cette production.

Éric Trudel
Bard College (NY)
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