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Reviewed by:
  • La mélodie réalisé par Rachid Hami
  • Cheira Lewis
Hami, Rachid , réal. La mélodie. Int. Kad Merad, Samir Guesmi, Alfred Renely, Jean-Luc Vincent . France 2, 2017.

Ça fait tout de même rêver, ces histoires de profs qui débarquent (bien malgré eux ou non) dans des écoles de la périphérie pour dire ad infinitum à de jeunes collégiens qu'il suffit de la volonté d'y croire, mais croire en quoi au juste? C'est la question à laquelle Rachid Hami semble vouloir répondre dans ce premier long métrage qui repose grosso modo sur le même postulat que Music of the Heart (1999) ou bien même le plus récent film brésilien Tudo Que Aprendemos Juntos (Le professeur de violon, 2015). Kad Merad (Simon Daoud) est convaincant dans son rôle de violoniste émérite taciturne, de peu de mots, qui finit par métamorphoser des enfants'difficiles'. L'histoire est simple: en attendant de se faire proposer quelque chose de mieux, Simon accepte d'apprendre—en quelques mois—Shéhérazade, le très beau poème symphonique de Rimski-Korsakov, à une classe de collégiens de banlieue afin qu'ils puissent la jouer pour le public de la Philharmonie de Paris. Le programme a pour but d'atténuer les risques de décrochage. Un pari de taille qui fait ricaner l'ami de Simon:"Et après quoi? On les renvoie dans leur ghetto?" Dès le début, on comprend donc bien que la tâche est difficile, voire impossible. Simon n'y croit pas. Les collégiens n'y croient pas. Les [End Page 215] élèves se chamaillent sans cesse entre eux et sont intenables. Bref, le climat chaotique rend bien compte de la dureté du contexte socio-éducatif. Mais le visage joufflu d'Arnold (Alfred Renely) apparaît soudainement derrière une des fenêtres de la salle de classe. Il observe Simon et les élèves en silence, et sa curiosité pour l'instrument finit par lui valoir une place dans la classe-orchestre. Dès lors, la magie commence avec des prises de vue de nuit sur les toits, seuls endroits où Arnold peut jouer de son instrument sans se faire crier dessus par sa mère ou les voisins. La silhouette d'Arnold, le reflet de la douce lumière sur sa peau noire, son désir d'apprendre en font rapidement un collégien différent des autres, attendrissant, et surtout capable. C'est un gamin sans histoire, poli, calme, discret et sensible—un petit Simon, en somme. De même, les gros plans sur les visages attentifs des élèves alors que Simon leur joue un morceau nous laissent respirer un peu, tout en nous laissant contempler la possibilité de les voir un jour jouer Shéhérazade. Bien entendu, l'histoire n'est pas sans obstacles (un incendie détruit la salle de classe, Simon perd patience et finit par secouer un des collégiens, Arnold veut connaître son père, et on en passe), mais ce sont les scènes sur les toits qui procurent la cohésion narrative dont le film a tant besoin. Il y a quelque chose d'étrangement poétique dans ces scènes où Arnold et une camarade de classe jouent "J'ai du bon tabac" ensemble ou bien lorsqu'Arnold regroupe ses potes afin de répéter l'introduction de Shéhérazade. On veut bien y croire, tout comme dans Les choristes (2004), et c'est à ça que se résume ce feel-good movie.

Cheira Lewis
DePauw University (IN)
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