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  • Rousseau, les Lumières et le monde arabo-musulman: du XVIIIe siècle aux printemps arabes éd. by Pascale Pellerin
  • Michael J. Mulryan
Pellerin, Pascale, éd. Rousseau, les Lumières et le monde arabo-musulman: du XVIIIe siècle aux printemps arabes. Garnier, 2017. ISBN 978-2-406-05757-4-1. Pp. 302.

Ce volume d'essais examine la relation paradoxale entre les Lumières et l'évolution des états arabo-musulmans indépendants. En particulier, il souligne que la démocratie [End Page 216] et l'islam sont compatibles en dépit des nombreuses idées reçues à ce sujet. Le texte d'Yves Citton démontre que le fait de nier le rôle de la religion dans une société laïque contredit les écrits de Rousseau et Henri de Boulainvilliers, qui reconnaissent Mahomet comme un législateur doué qui comprenait que le politique, le social, et le religieux sont interdépendants. Férenc Tóth, lui, analyse les observations du diplomate français François de Tott (1733–93) sur les Tartares et les Turcs, alors qu'Asma Guezmir examine principalement L'or de Paris (1834), un texte de Rifâ'a at-Tahtaoui (1801–73), un savant égyptien, sur les mœurs des Français. Antoine Hatzenberger fournit une enquête sur le dialogue entre les écrits de Rousseau et Tahtaoui, montrant que ce dernier incarne le "savant voyageur" (103) de Rousseau. D'autres chapitres examinent l'évolution identitaire de l'Algérie et le rôle politique du peuple dans la Turquie comme état émergent: Mohamed Aït Amer Meziane dévoile l'importance des observations de Rousseau sur l'innovation de l'islam concernant le sécularisme; dans son essai sur Ferhat Abbas, Ismail Slimani démontre comment un des premiers militants du FLN, qui incarnait une synthèse "des valeurs des Lumières et des principes d'un islam de tolérance" (128), a été transformé en traître pour son rejet de l'autoritarisme du jeune état algérien; Pascale Pellerin montre comment les rédacteurs de la Constitution algérienne se sont servis des idées de Rousseau et Montesquieu; Ay e Yuva révèle l'importance des écrits kémalistes du Turc Sabahattin Eyübo lu (1908–73), qui articule le potentiel politique du peuple en s'inspirant de Rousseau. La dernière partie du livre aborde les printemps arabes: Halima Ouanda scrute le rôle contradictoire des Lumières dans l'histoire de la Tunisie, notamment concernant les régimes de Bourguiba et Ben Ali qui avaient été soutenus par les pays fondateurs des Lumières; Hédia Khadhar interroge le rôle grandissant des Lumières dans la société tunisienne et l'émergence d'un peuple "assoiffé de liberté" (209); Martial Poirson décompose brillamment d'une part le rapport entre les acteurs politiques des printemps arabes et leur perception de la Révolution française, et d'autre part l'inquiétude, souvent mal placée, des intellectuels de l'Hexagone concernant les soulèvements du monde arabo-musulman actuel. Malik Boumediene clôt le recueil en analysant l'influence des philosophes sur "les constitutions postrévolutionnaires" des pays arabes, qui préconisent les droits de l'homme et "un meilleur équilibre des pouvoirs" (264). Ce livre retiendra l'attention de tout dix-huitièmiste s'intéressant au rôle à la fois perturbant et réjouissant des Lumières dans les pays arabo-musulmans. Cette enquête approfondie et bien raisonnée sur un sujet peu connu parmi les dix-huitièmistes serait aussi une lecture bénéfique dans un séminaire de troisième cycle sur Rousseau. [End Page 217]

Michael J. Mulryan
Christopher Newport University (VA)
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