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  • Le 26 efestival du film français de Richmond
  • Véronique Machelidon
Le 26 efestival du film français de Richmond, 22–25mars 2018. <frenchfilmfestival.us>.

Prédominance des films de guerre dans la moisson du festival de 2018: trois drames abordaient la Première Guerre mondiale tandis qu'un quatrième film nous faisait [End Page 202]revivre le destin tragique d'une communauté oubliée dans l'histoire des persécutions nazies.

Le puissant film de Xavier Beauvois, Les gardiennes, retrace le destin d'une famille en milieu rural où les femmes assument les durs labeurs de la ferme en l'absence des hommes partis au front. Hortense Sandrail (Nathalie Baye) y dirige d'une main de fer l'exploitation tandis que sa fille Solange (Laura Smet) s'égare un instant dans les bras d'un séduisant libérateur américain pour ensuite conduire la ferme dans l'ère de la mécanisation. C'est pourtant la jeune servante Francine (lumineuse Iris Bry) qui annonce l'émancipation des femmes en élevant seule son enfant illégitime. La photographie de Caroline Champetier enchante et célèbre le rythme intemporel des tâches agraires et l'immanence spirituelle des paysages naturels face à la folie meurtrière des hommes.

Second chef-d'œuvre, Au revoir là-haut, réalisé par un Albert Dupontel très en forme, suit le destin d'un duo d'anciens combattants, le jeune Edouard Péricourt (Nahuel Pérez Biscayart) et son ami, le comptable Maillard (Albert Dupontel), depuis les tout derniers jours de la guerre jusqu'en novembre 1920 où Maillard, interpelé dans un poste de police marocain, raconte son aventure avec Édouard, tous deux victimes de la folie guerrière de leur supérieur hiérarchique, le sadique Henri Pradelle (Laurent Lafitte). L'abandon des vétérans après l'armistice est évoqué avec pudeur à travers les superbes masques que dessine l'artistique Édouard pour dissimuler son visage mutilé et communiquer ses états d'âme. Le film, tiré du prix Goncourt de Pierre Lemaitre, s'articule autour d'un concours de monuments de guerre, qu'Édouard et Albert exploitent pour arnaquer le banquier Péricourt. L'histoire dénonce le culte effréné du matérialisme et du pouvoir, invitant le spectateur à une comparaison anachronique entre les années 1920 et la deuxième décennie de notre millénaire.

Cessez-le-feud'Emmanuel Courcol cherchait également à décrire les blessures personnelles et sociales d'un pays meurtri. Tourné dans l'Est de la France et au Sénégal/Burkina-Faso, le film suit les défis de l'après-guerre à travers le duo des frères Laffont et des femmes qui les entourent. Tandis que Georges, l'aîné (Romain Duris), a fui son passé pour se reconstruire dans l'Afrique coloniale, son frère Maurice (Grégoire Gadebois), s'est muré dans le silence après quatre ans de tranchées. Gadebois réussit à suggérer la fragilité d'un homme brisé par une violence qui affecte les âmes autant que les corps. On sera reconnaissant à Courcol d'avoir brièvement évoqué, dans un film aux récits trop nombreux, le sort des combattants africains (les "tirailleurs sénégalais") rentrés au pays après la démobilisation et cherchant à (dé)dramatiser une douloureuse expérience qui n'aurait jamais dû être la leur.

Dans le quatrième film de guerre de ce festival, Django, Étienne Comar évoque l'histoire des Tziganes, victimes oubliées de la Deuxième Guerre mondiale, en suivant les errances du guitariste Django Reinhardt (talentueux Reda Kateb). "King of swing" de Paris sous l'occupation, l'apolitique et fantasque guitariste se voit obligé de se réfugier à Thonon-les-Bains dans l'espoir de rejoindre la Suisse avec l'aide de la [End Page 203]résistante-collaboratrice Louise De Klerk (Cécile de France). La longue attente à la frontière de la liberté lui fait rencontrer une chaleureuse communauté de gitans qui seront finalement pourchassés ou internés par les Nazis. En point d'orgue, une scène magistrale montre un Django boulevers...

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