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Reviewed by:
  • L'adaptation: des livres aux scénarios éd. by Alain Boillat, et Gilles Philippe
  • Alan Singerman
Boillat, Alain, et Gilles Philippe, éd. L'adaptation: des livres aux scénarios. Impressions Nouvelles, 2018. ISBN 978-2-87449-591-5. Pp. 348.

Cet ouvrage collectif présente les actes du colloque international "Des scénarios et des livres" organisé en octobre 2016 à l'Université de Lausanne, soit onze communications portant sur les adaptations (ou tentatives d'adaptation) cinématographiques d'œuvres littéraires dans la période allant de 1930 à 1960. De manière générale, toutes ces contributions s'appuient sur la critique génétique, à savoir l'étude de tout ce qui appartient à l'avant-texte: brouillons, manuscrits, épreuves et variantes produits en amont du tournage (ou non-tournage) d'un film—le "parcours de genèse" des adaptations (28). Dans un premier article, Laurent Le Forestier montre les étapes de la naissance du métier de scénariste des années 1910 aux années 1940 en soulignant la professionnalisation croissante de l'écriture des films sous l'influence de Hollywood. Pierre Mathieu révèle ensuite l'activité peu connue (et sans succès) d'André Gide en tant que scénariste, tandis que Gilles Philippe et Vincent Verselle décortiquent, dans leurs contributions respectives, l'adaptation ratée (1947) de Jean Aurenche et Pierre Bost du roman de Georges Bernanos, Le journal d'un curé de campagne (1936). Sarah Leahy passe à l'étude de la genèse de l'adaptation (1947) par Aurenche, Bost et Claude Autant-Lara du roman de Raymond Radiguet, Le diable au corps (1923), en insistant sur les rapports tendus entre le réalisateur Autant-Lara et le producteur Paul Graetz [End Page 198] qui se disputent tant sur le contenu que sur le statut d'auteur du film. Alain Boillat enchaîne avec des réflexions sur le projet initial (raté) de l'utilisation du flash-back dans l'adaptation par Aurenche et Bost en 1957 et 1958 du roman de Georges Simenon, En cas de malheur (1956), soulignant "l'inclination presque viscérale d'Aurenche et Bost à construire des récits en flash-back" (194). Jeanne Rohner s'intéresse ensuite à l'adaptation à l'écran par Autant-Lara et ses deux scénaristes préférés, en 1949, d'une pièce de théâtre de Georges Feydeau, Occupe-toi d'Amélie (1908), adaptation qui fait un aller-retour régulier entre théâtre et cinéma, mettant le spectacle lui-même en abyme dans le film. Adrien Gaillard se penche sur l'adaptation par le même tandem du roman de Stendhal, Le rouge et le noir (1830), en mettant en relief le débat entre la fidélité à la lettre ou à l'esprit dans le film qui en résulte. Laure Cordonier approfondit ensuite le travail d'adaptation d'Autant-Lara sur les romans de Stendhal, son auteur-fétiche dont il "radicalise les positions politiques et religieuses" (268) dans ses scénarios tout en essayant de mettre en valeur l' "esprit français" qu'il représente. Mireille Brangé examine, finalement, les adaptations pour l'écran d'Antonin Artaud, et surtout deux scénarios publiés dans la Nouvelle Revue française, La coquille et le clergyman (tourné par Germaine Dulac en 1928) et La révolte du boucher (non tourné). Jean-Louis Jeannelle clôt le volume avec une tentative courageuse de montrer l'intérêt des multiples versions scénaristiques inabouties du roman d'André Malraux, La condition humaine (1933). Cet ensemble de communications, toutes rigoureuses et complémentées d'abondantes notes, tente de réhabiliter des documents scénaristiques souvent ignorés, méconnus ou méprisés, tout en mettant en valeur l'approche génétique elle-même. Pour spécialistes.

Alan Singerman
Davidson College (NC), emeritus
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