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Reviewed by:
  • Les jumelles de l'oncle Sam by Hédi Bouraoui
  • Lydia Belatèche
Bouraoui, Hédi. Les jumelles de l'oncle Sam. Vermillon, 2017. ISBN 978-1-77293-038-2. Pp. 220.

Saïd Bayou est un jeune Tunisien polyglotte qui quitte son pays à la fin des années 1950 pour poursuivre des études universitaires aux États-Unis. Les tours jumelles du titre sont deux femmes américaines plus âgées, dont Saïd tombe amoureux. Mais aussi, l'image des "Tours jumelles de New York transpercées par deux avions kamikazes fondamentalistes au début du millénaire" (8) marque un point culminant dans la nostalgie de Saïd pour une Amérique qui n'existe plus. Ma partie préférée du roman se passe quand le narrateur omniscient décrit"la naissance des laboratoires de langues" qui sont"plantés aux flancs de chaque université" (12) après que"l'U.R.S.S. a lancé son Spoutnik" (11) en 1957. Saïd, en tant que francophone, trouve sa place au labo où"On enregistre les voix des Native speakers... puis on essaie d'imiter leur accent" (12). Les deux femmes américaines s'expriment à travers des lettres, des cartes postales et un journal, tandis que Saïd, devenu éditeur et traducteur après avoir été enseignant, remplace le narrateur omniscient pour écrire à la première personne à la fin du roman. De même que l'auteur qui l'a créé, Saïd choisit enfin de vivre au Canada, échangeant "l'American Way of life du fameux Melting Pot" pour la "Mosaïque canadienne" (159). Ce que j'admire le plus chez Bouraoui, c'est son enthousiasme pour la compétence interculturelle. Il ne cesse de s'exclamer face aux stéréotypes canadiens ou américains qu'il confirme: le Canada est loué pour "sa saveur de sirop d'érable et le chant du Geai bleu!" (164), tandis que l'Amérique est critiquée pour son "Grotesque gigantisme qui semble ne bafouer personne!" (14). Les stéréotypes religieux sont incarnés par les deux "jumelles". Peggy Windley, qui rêve d'écrire un roman, est une presbytérienne mariée avec deux enfants. Joan Madren est une bonne soeur catholique nommée Marie-Madeleine qui rejette sa vie religieuse dans un chapitre intitulé"La défroquée raconte". Le dialogue tient une très petite place dans ce roman. Par contre, la lectrice peut se réjouir des allusions aux grands auteurs. Camus et Sartre inspirent des pensées sur l'existentialisme et l'absurde, George Sand et Simone de Beauvoir sur le féminisme. Même si Peggy déclare que "les Américains, plus que les autres, n'ont pas beaucoup de temps pour lire" (61), elle partage avec son fils Robby des livres de Fitzgerald, Steinbeck et Salinger. Des réflexions judicieuses nourrissent aussi le fil narratif: "La poésie est née en Égypte, elle vit en Tunisie et meurt au Maroc" (63); "Plus on vieillit, mieux on voit les êtres et les choses. Est-ce cela la Sagesse?" (104). Ce sont les phrases dédiées à l'amitié qui résonnent particulièrement. Tout d'abord, l'amitié liée à une universalité chère à Bouraoui dans ses romans: "L'héritage universel se propage galet dans les eaux claires de l'amitié" (161). Ensuite, l'amitié liée à une écriture qui capture tous nos moments précieux: "Écrire, c'est télescoper le temps, récupérer le passé, le présent et l'avenir!" (199). Bouraoui nous livre un moyen de vivre. [End Page 225]

Lydia Belatèche
University of Minnesota
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