In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Mémoires au soleil by Azouz Begag
  • Alek B. Toumi
Begag, Azouz. Mémoires au soleil. Seuil, 2018. ISBN 987-2-02-139200-5. Pp. 185.

Cet ouvrage, qui met en scène un père analphabète, émigré d'Algérie et qui tente à plusieurs reprises d'y retourner, aurait très bien pu s'intituler À la recherche du père perdu, ou encore Le premier immigré. Si dans Le gone du Chaâba (1986), Azouz Begag racontait son enfance dans un bidonville de Lyon, dans Mémoires au soleil, l'auteur décrit son vieux père, un brave homme digne et courageux, atteint de la maladie d'Alzheimer: "Mon père a la maladie d'Ali Zaimeur. C'est ainsi que ma mère la prononce en arabo-berbère, parce qu'elle n'arrive pas à prononcer le nom de cette saleté qui ronge les souvenirs des gens" (51). Retraité dans son appartement de Lyon, Bouzid Zatrig Begag profite de l'inattention de sa femme Messaouda pour fuguer et s'en aller à pied sur l'autoroute A7 vers Marseille, dans le but de rentrer au pays natal, ultime souhait de la génération des émigrés maghrébins. Hélas, ce n'est pas possible! Les policiers ramènent le fugueur à sa femme en larmes qui, pour les remercier, leur offre naïvement le couscous roulé de ses propres mains. Récidiviste, Bouzid disparaîtra encore pour retourner chez Amor Plastic, patron du Café du Soleil à Lyon, où se retrouvent les travailleurs nord-africains qui tuent le temps à coup de dominos et de querelles, avec Miloud Météo, serveur de thé à la menthe, qui chique de la vraie chemma artisanale. Tout comme leurs enfants considérés des"immigrés" en Algérie et dans l'Hexagone, tous les Begag exilés demeurent des étrangers en France et dans leur pays d'origine. Le roman est un hommage à leur travail et leur sacrifice, à leur courage et leur abnégation, pour élever leurs enfants, leur donner une chance de faire des études et sortir de la misère. L'auteur souligne l'assiduité de son père qui arrivait toujours au travail "avant l'ouverture des portes" (82): "En quarante ans de travail, dans le béton, il n'a jamais été absent un seul jour, il en a fait une fierté" (82). Cette enquête sur un univers pauvre et illettré rappelle parfois le dernier roman de Camus, quand Jacques Cormery demandait à sa mère des informations sur son défunt mari, dans un milieu démuni, possédant peu d'objets et de meubles, juste de quoi survivre. Tout comme dans le roman inachevé de Camus, Begag ira dans le village de ses géniteurs en Algérie à la recherche de personnes ayant connu son père, né présumé algérien, devenu immigré, mort étranger des deux côtés de la mer. Il retrouvera le petit-fils du propriétaire pied-noir, ainsi que trois Begag morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Avec beaucoup d'humour à la Fellag (comédien algérien de l'exil), avec beaucoup de tendresse et d'amour, Begag rend hommage à tous les pères immigrés en France à travers des descriptions réalistes dans sa quête du père perdu. [End Page 222]

Alek B. Toumi
University of Wisconsin, Stevens Point
...

pdf

Share