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Reviewed by:
  • Françoise Sagan ou l'ivresse d'écrire by Valérie Mirarchi
  • Flavien Falantin
Mirarchi, Valérie. Françoise Sagan ou l'ivresse d'écrire. PU de Dijon, 2018. ISBN 978-2-36441-254-5. Pp. 246.

Concernant Sagan, il est toujours délicat de se lancer dans le biographique pour faire une rétrospective philosophique de son oeuvre, car sa légende dévore souvent toutes possibilités d'analyses. Cependant, le travail de biographe effectué par Mirarchi s'avère pertinent dans la mesure où il se fait au service des textes et vient les mettre en valeur. Cet ouvrage se situe à la jonction entre la biographie journalistique de Sophie Delassein Aimez-vous Sagan. de 2002 et les livres universitaires plus récents publiés par Ève-Alice Roustang et Céline Hromadova. Denis Westhoff, le fils unique de Sagan, signe ici la préface et il y a fort à penser que certaines révélations faites par Mirarchi dans ce livre sont directement soufflées par ce dernier. On apprend notamment que Sagan serait probablement l'auteure cachée du roman Le pli de l'eau, paru en 1962, écrit jusqu'ici par Paola Saint-Just, l'une de ses célèbres maîtresses (90). On apprend également l'existence de deux pièces de théâtre non révélées au public, ainsi que d'un roman inachevé écrit par Sagan quelques mois avant sa mort, Le coeur battu. Mirarchi précise que l'état de santé de la romancière à l'époque rend ces manuscrits inexploitables et non "publiables en l'état" (220). D'autres révélations sont faites à propos du roman La laisse pour lequel Laure Adler aurait aidé Sagan dans ses relectures et même dans son travail d'écriture. Au-delà de ces confidences, Mirarchi se montre très convaincante dans sa manière d'aborder l'intégralité de l'oeuvre, ce qui permet de redécouvrir Sagan romancière, nouvelliste, dramaturge, scénariste, cinéaste, présidente du festival de Cannes et même conceptrice de téléfilm. Il faut encore souligner que le résumé de chaque oeuvre se fait toujours en contexte, si bien que le lecteur se plaît à découvrir que la romancière achève La chamade dans une villa isolée avec Juliette Gréco (112), ou qu'elle commence Un peu de soleil dans l'eau froide sur les côtes irlandaises pour y mettre un point final entre le Cachemire et le Népal (127–28). Reconnaissons que les résumés sont en soi assez peu poussés: exception faite de celui [End Page 203] du Lit défait (152–56), Mirarchi se borne surtout à un strict énoncé des faits et va parfois jusqu'à confondre certains personnages (209). Cela ne doit toutefois pas discréditer son audacieuse entreprise philosophique qui soulève d'excellents raisonnements, à l'image du treizième chapitre venant expliquer le troublant manque d'impact des événements de Mai 68 sur la romancière:"Sagan était un peu dépassée par les idées de 68, parce qu'elle les avait portées bien plus tôt: Mai 68, elle l'avait fait en 54" (125). Il faut encore saluer le chapitre dix-huit consacré à la relation entre Sagan et Sartre. Mirarchi y mêle tour à tour l'analyse qu'en faisait Beauvoir et celle qu'en faisait Sagan dans leurs autobiographies respectives. Pour conclure, si le texte de Mirarchi manque un peu d'épaisseur littéraire, il ravira les passionnés de Sagan en ce que sa mission de retracer l'histoire de l'oeuvre de façon biographique, philosophique et non mythologique est pleinement réussie.

Flavien Falantin
University of Tennessee, Knoxville
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