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Reviewed by:
  • Le roman d'aventure médiéval entre convention et subversion (XIIe–XIIIe siècles): accidents de parcours by Sylvie Meyer
  • Levilson C. Reis
Meyer, Sylvie. Le roman d'aventure médiéval entre convention et subversion (XIIe–XIIIe siècles): accidents de parcours. Champion, 2018. ISBN 978-2-7453-4754-1. Pp. 360.

Depuis le Moyen Âge, l'horizon d'attente et la catégorisation du roman d'aventure longent les vicissitudes de la réception du genre et celles de la sémantique du mot "aventure". Meyer veut s'écarter des chemins battus du genre en réexaminant l'étymologie et la sémantique du mot"aventure"et en réévaluant la portée du concept sur le roman médiéval. Dans l'introduction, elle remet en question les conventions prototypiques et isotopiques du genre qui ont canonisé la lecture linéaire du récit d'aventure pour mettre en relief les points de vue d'une lecture non linéaire ou ponctuelle. Dans les prolégomènes, les bases théoriques de cette relecture s'érigent en fonction d'une interprétation rétrospective des aventures des héros et des personnages du roman d'aventure. Outre l'introduction et les prolégomènes, l'ouvrage se compose de deux parties principales. Après avoir soigneusement recensé les étymons du mot"aventure", mis en exergue par la lexicographie et la philologie médiévistes, l'auteure s'attarde plus longuement qu'il faudrait sur une reprise fouillée du terme (72–140). Il en découle quatre acceptions qui orienteront la deuxième étape de l'argument:"destin","hasard", "événement", et"gains", puisqu'il n'y a pas d'"aventure gratuite" (139). Dans la seconde partie, Meyer passe à l'analyse littéraire de l'aventure dans cinq romans: Érec et Énide, le Chevalier au lion (Yvain) et le Chevalier de la charrette (Lancelot) de Chrétien de Troyes, le Bel inconnu de Renaut de Bâgé, et le Romanz du reis Yder. En nous acheminant dans un premier temps vers "le droit chemin" qui longe les aventures du chevalier, une relecture "qui relève non de la compréhension des événements dans leur succession temporelle mais de leur interprétation rétrospective" (185) nous fait rebrousser chemin. La honte de Calogrenant, par exemple, ne s'expliquerait pas par la défaite au combat, mais plutôt par une prise de conscience de la façon dont il y a vaqué impulsivement. À plusieurs reprises, l'analyse du corpus confond les versants diégétique et extradiégétique, les spécificités narratologiques et les enjeux de la réception. Sur quel point de vue ces relectures s'axent-elles? Sur celui du héros, du narrateur ou du lecteur médiéval? Et pourquoi exclure celui du lecteur moderne? On regrette que l'auteure récuse les sentiers battus des lectures linéaires canoniques du roman [End Page 202] d'aventure pour ne privilégier que les accidents de parcours qu'offre la lecture régressive, se cabrant devant l'idée de les faire dialoguer. Une telle démarche exclut bon nombre d'études pertinentes publiées récemment qui auraient mieux étayé le point central de cet ouvrage. Au final, dans l'épilogue, Meyer concède que les"courants théoriques du XXe siècle concourent à élargir l'horizon critique; [car] si on se limite à une approche à l'exclusion des autres, on s'expose au risque de faire jouer l'argument d'autorité au lieu de tenter une démonstration [...] plus productive" (299). Tout compte rendu, nous avons sous les yeux un travail fouillé et méthodique sur le roman d'aventure qui devrait figurer dans les bibliothèques de tous les médiévistes et, particulièrement, dans celles des philologues qui s'intéressent au roman d'aventure.

Levilson C. Reis
Otterbein University (OH)
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