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  • "Au courant de la plume": Zola et l'épistolaire éd. by Geneviève De Viveiros, et Soundouss El Kettani
  • Marie-Agnès Sourieau
De Viveiros, Geneviève, et Soundouss El Kettani, éd. "Au courant de la plume": Zola et l'épistolaire. PU du Québec, 2018. ISBN 978-2-7605-4874-9. Pp. 179.

L'abondante correspondance de Zola a été jusqu'à une époque récente largement ignorée des chercheurs littéraires, bien que 5000 lettres aient déjà été publiées. Les huit essais de ce recueil comblent en partie cette lacune en se penchant sur différents aspects thématiques et stylistiques de cet incomparable espace d'expression. L'auteur de "J'accuse" a conscience de son manque de facilité oratoire, aussi prend-il la plume plutôt que la parole lorsqu'il s'agit de défendre une cause importante. La lettre devient alors essai critique, instrument polémique complémentaire à l'oeuvre publiée. Elle lui permet aussi de répliquer aux critiques virulentes de ses adversaires sur ses prises de position esthétiques et sa personnalité d'écrivain. Mais ce sont les lettres intimes qui forment le corpus majeur de la correspondance. Certaines traitent de l'art épistolaire, du processus de création romanesque, des angoisses quant à la réception de l'oeuvre. D'autres privilégient l'expression du quotidien avec son lot d'activités, de joies et de tracas. Nombreuses d'entre elles ont une nature dialectique qui les apparentent à la conversation, à l'échange mutuel de sentiments et d'idées. Pour Zola, la correspondance avec les êtres chers a une fonction thérapeutique, à la fois source de plaisir et de réconfort. Parmi les lettres intimes, il y a celles dites "conjugales" parce que toutes débutent par "chère femme" (163). Que ce soit les Lettres à Alexandrine, l'épouse, ou les Lettres à Jeanne, la maîtresse, elles montrent que malgré la similitude des sujets abordés, Zola est soucieux de protéger la relation avec la première et de distancer la seconde de sa vie publique. Il confie à l'une ce qu'il cache à l'autre, il rassure les deux [End Page 193] quant à leur place dans son affection. Il jure à Jeanne, la mère de ses deux enfants, de ne jamais l'abandonner, et à Augustine de préserver la pérennité de leur couple. Et puis il y a les missives poignantes adressées aux proches dans lesquelles Zola confie les sentiments morbides qui l'assaillent régulièrement. Il évoque ses attaques de spleen quand les êtres chers sont absents ou pendant l'exil en Angleterre ou encore quand la maladie et la mort frappent autour de lui. Toutes les lettres manuscrites témoignent de l'importance que l'écrivain attache au visuel, et ce, dans la graphie de sa signature et la mise en page de l'écrit. À partir de 1895, la photographie et tous les aspects techniques de cet art naissant qui le passionne occupent une place prépondérante dans la correspondance. À l'épistolaire général, véritable "autobiographie déguisée", il faut ajouter dans la dernière partie de sa vie "une autobiographie en images" grâce aux centaines de photographies prises et développées par les deux experts de l'"Atelier Zola", l'écrivain et son épouse (67–68). Les essais de cet ouvrage démontrent que les lettres offrent une mine de témoignages sur le grand écrivain, son entourage et son époque. Plus encore, cette étude révèle que l'épistolaire zolien peut non seulement être lu comme complémentaire à l'oeuvre de fiction et critique mais aussi comme oeuvre littéraire autonome.

Marie-Agnès Sourieau
Fairfield University (CT)
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