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Reviewed by:
  • Dilili à Paris réal. by Michel Ocelot
  • Marion Geiger
Ocelot, Michel, réal. Dilili à Paris. Int. Prunelle Charles-Ambron, Enzo Ratsito, Natalie Dessay. Mars, 2018.

Dans le Paris de la Belle Époque, de jeunes filles disparaissent, enlevées par les mystérieux "Mâles-Maîtres" Deux héros très différents vont se mettre sur la piste des malfaiteurs. D'une part, il y a Dilili, jeune fille qui, dans sa Nouvelle-Calédonie natale, avait Louise Michel comme préceptrice. Dilili arrive en France de manière clandestine. [End Page 252] Une comtesse française devient sa protectrice, l'initiant au langage et aux mœurs de la haute société parisienne. D'autre part, il y a Orel, un jeune coursier issu des classes populaires mais qui, par sa profession, fréquente le Tout-Paris. Les deux se lient d'amitié et mènent une enquête afin de libérer les filles disparues. Une deuxième protectrice, la soprano Emma Calvet, les soutient en leur donnant accès à des ressources et des personnages célèbres qui font avancer leur enquête. Mais Dilili devient elle-même la victime des Mâles-Maîtres qui persuadent le chauffeur raciste d'Emma Calvet de leur livrer la jeune fille. Dégouté des horreurs qu'il découvre dans les égouts de Paris où se cachent les malfaiteurs, le chauffeur révèle le complot à Mme Calvet et Orel. Les Mâles-Maîtres ont pour but de subjuguer les femmes et les filles et contrecarrer le mouvement de libération des femmes: leurs victimes-esclaves, couvertes de la tête aux pieds, doivent les servir à quatre pattes. Les filles seront bien entendu libérées et tout finit en chanson. Le dessin animé célèbre un universalisme largement associé à la culture française: de Sarah Bernard à Picasso, plus de soixante-dix personnages célèbres sont évoquées. On fait aussi le tour de tous les monuments parisiens qui servent de décor pour mettre en scène la joie de vivre et les productions artistiques de l'époque. Ocelot rassemble tout ce qu'il considère digne d'être transmis aux futures générations (idées, personnages historiques, peinture, musique, danse, bâtiments, objets précieux, et autre) sans toujours respecter les démarcations historiques exactes—le film commence par des images du "zoo humain" de l'exposition coloniale de 1931. Sous les auspices d'une culture parisienne universalisée et idéalisée, le film entend rassembler toutes les bonnes volontés contre la menace des forces obscures et anti-libérales, réconciliant les sexes et les ethnicités, transcendant les différences et les inégalités de classes. Avec Dilili, le réalisateur septuagénaire, qui déclare sur ARTE vouloir attirer l'attention sur le mal fait aux femmes et aux fillettes "partout dans le monde", crée une héroïne mémorable et courageuse lui permettant de thématiser l'expérience du racisme et du sexisme ordinaire. L'esthétique du dessin animé, comme dans la plupart des films d'Ocelot, est un étrange mélange de réalisme et de fantaisie, où chaque image est comme un collage, composée et saturée de textures hétérogènes. Dilili à Paris offre une intrigue captivante et de nombreux moments émouvants, mais la narration s'effiloche parfois à cause de la multitude d'épisodes servant à introduire les célébrités de l'époque. Au reste, il manque une critique plus explicite du colonialisme français et de l'universalisme républicain, critique qu'Ocelot semble déléguer au spectateur.

Marion Geiger
California State University San Marcos
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