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Reviewed by:
  • L'amour flou réal. by Romane Bohringer et Philippe Rebbot
  • Marius Conceatu
Bohringer, Romane, et Philippe Rebbot, réal. L'amour flou. Int. Romane Bohringer, Philippe Rebbot. Escazal, 2018.

Mélodrame qui tourne à la comédie romantique hollywoodienne, L'amour flou dissèque la séparation de corps des protagonistes et analyse une des pistes possibles à suivre en cas de divorce. En effet, les époux vont continuer de vivre dans un apparte-ment commun, dans des espaces individuels, séparés (ou rejoints, selon le point de vue) par la chambre des enfants. Nous suivons alors un récit autobiographique, car les époux en question, Philippe et Romane, sont à la fois scénaristes et réalisateurs du film et ce qu'ils racontent est leur propre expérience de vie. Si fidèlement, d'ailleurs, que la distribution compte, avec leurs vrais noms, les enfants et les parents du couple, dont Richard Bohringer, père de Romane, star de la scène et de l'écran français. Si la rupture entre les époux est irrévocable, leur tendresse réciproque, une amitié qui est plus profonde que l'état civil, et l'amour pour leurs deux enfants les amènent à essayer l'expérience d'une séparation en commun paradoxale. Occasion pour les proches et les connaissances de passage de se montrer sceptiques ou de s'y opposer. Le scénario se sert avec subtilité d'une multitude de sources de conflits mineurs qui exposent cruellement la réalité d'une relation dont l'amour s'est écoulé et qui s'est remplie de ressentiment. Par exemple, au milieu d'un épisode où ils semblent bien s'entendre, Philippe et Romane arrivent à se disputer à cause d'un désaccord lexical: Romane rejette violemment l'emploi que fait son mari du terme "sas" pour désigner l'espace des enfants dans leur nouvel appartement. En y préférant "couloir", elle ne perçoit pas l'ironie de la métaphore résultante, qui définit bien la vie des enfants issus du divorce. Après une première moitié au ton plutôt dépressif, les épisodes et les personnages comiques, voire burlesques, se multiplient reflétant ainsi les visions et les aventures érotiques des ex-époux, avec les inévitables malentendus et contretemps spécifiques aux comédies de situation. Si Romane se met à poursuivre tous les hommes qui lui plaisent et veut reconstruire une vie de couple, Philippe rêve d'être Hugh Hefner. On coche bien des cases obligatoires: une nouvelle expérience sexuelle, le couple gay, la mère porteuse—autant de moments censés nous convaincre que la vie ne finit pas avec le divorce. Après tout, "Si c'est fichu/Entre nous/La vie continue/Malgré tout", comme [End Page 246] chante Michel Delpech. Encadré par sa chanson, "Les divorcés", que l'on entend dans l'original sur le générique d'ouverture et interprétée par les protagonistes/réalisateurs sur le générique de fin, le film suscite une certaine nostalgie de l'amour libre des années 1960–1970, adapté aux conditions du vingt et unième siècle. Cet idéal hippy d'une intimité vécue en commun est renforcé par les idées de Philippe, marxistes-léninistes (comme il le déclare lui-même, à moitié ironiquement), mais en fait très modernes. Au-delà d'une exploration ludique de la possibilité qu'a l'ex-couple de vivre séparément mais ensemble, avec les enfants, reste l'impression que le film se veut une expérience sociologique, essayant de répondre à une question d'actualité partout dans le monde occidental, à savoir, "comment réussir son divorce?"

Marius Conceatu
University of South Dakota
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