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Reviewed by:
  • Des vies possibles by Charif Majdalani
  • Edward Ousselin
Majdalani, Charif. Des vies possibles. Seuil, 2019. ISBN 978-2-02-141314-4. Pp. 192.

Candide s'ennuie. Il en est de même pour ses lecteurs. Telle est l'impression générale que laisse ce roman à première vue picaresque mais à narration atone. Le personnage central, Roufeyil Harbini, quitte son Liban natal en 1621 pour devenir un théologien à Rome. En tant que représentant de l'Église maronite auprès du Vatican, son but est de "s'éduquer et revenir ensuite occuper des charges importantes au sein d'un clergé encore archaïque" (10). Malgré son aptitude aux études, Raphaël Arbensis (c'est le nouveau nom qu'il adopte) aura une vie aventureuse, que facilitera son multilinguisme et qui le mènera à travers l'Europe et le Moyen-Orient. En fin de compte, il retournera au Liban pour y finir sa vie (en 1674), étant devenu non pas un membre du clergé mais un riche commerçant, marié et père de famille. Le jardin qu'il y cultive est une oliveraie fort rentable, et sa Cunégonde, qu'il a rencontrée tardivement, est restée belle. De sa vie aventureuse et parfois dangereuse (il a perdu un bras à la suite d'un guetapens), il a tiré ce qu'on pourrait appeler une philosophie de la chance, qui ne dépend [End Page 223] que d'imprévisibles vicissitudes. Cette perspective sur l'évolution du cosmos et des vies humaines ne le rassure guère: "Il frémit malgré tout à l'idée que l'histoire humaine autant que nos vies ne seraient que l'addition de contingences et de hasards" (161). Ce qu'on appelle le destin ne semble pas dépendre d'un dessein universel d'origine divine: "L'enchaînement des causes et des effets qui font une vie est à jamais incalculable, mais encore davantage le plus simple accident qui peut transformer cette vie, comme il peut changer la face de l'Histoire" (162). Bien qu'elle soit banale, cette philosophie reste dangereuse à une époque où la condamnation de Galilée (en 1633) reste présente dans toutes les mémoires. Elle ne figurera donc pas parmi les quelques œuvres publiées de Raphaël Arbensis. Dans ses idées comme dans la dernière partie de sa vie, Raphaël reste un personnage plutôt terne, aux goûts et aux valeurs ordinaires, en dépit de ses multiples voyages, de ses diverses liaisons amoureuses, des métiers qu'il a exercés, des individus souvent brillants qu'il a rencontrés et de tout le savoir qu'il a accumulé. Leçon de sagesse ou constat de résignation face à la futilité de toute entreprise humaine? Plutôt que la succession des événements ou les leçons qui pourraient s'en dégager, c'est le souci de l'atmosphère, le détail des descriptions qui rend ce roman parfois intéressant. Cela dit, il vaut sans doute mieux relire Caravansérail (2007) de Majdalani.

Edward Ousselin
Western Washington University
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