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Reviewed by:
  • Khalil by Yasmina Khadra
  • Alek Baylee Toumi
Khadra, Yasmina. Khalil. Julliard, 2018. ISBN 978-2-260-02422-4. Pp. 264.

Comment et pourquoi des beurs apparemment tranquilles décident-ils de se faire exploser? À la différence de beaucoup d'autres auteurs qui écrivent sur le terrorisme, Yasmina Khadra est un ancien commandant de l'armée en Algérie. Il a fait la guerre sur le terrain contre le Groupe islamique armé qui se battait "contre les civils" pendant la guerre des années 1990. Il connaît donc bien la "logique terroriste" pour l'avoir combattue. Dans son dernier roman, il retourne aux attentats terroristes du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, pendant que les Bleus jouaient contre l'Allemagne au Stade [End Page 221] de France. Le narrateur Khalil est un jeune Belge d'origine marocaine de Molenbeek, talibanlieue de Bruxelles tristement célèbre pour ses islamistes. Khalil a grandi avec Driss et Rayan, ils ont tous habité dans le même bâtiment et sont allés à la même école. Si Rayan a fait des études et a réussi en informatique, Khalil et Driss ont été des cancres en rupture scolaire. Adolescents, ils ont traîné dans la rue, sont devenus des zonards dans l'oisiveté, avec comme alternative la toxicomanie ou l'intégrisme. Un jour, l'émir Lyes, un illuminé, les entraîne vers la "bonne voie": "Et la mosquée, plus qu'un refuge, m'a recyclé comme on recycle un déchet. Elle [...] nous a restitué le RESPECT qu'on nous devait [...] et elle nous a éveillés à nos splendeurs cachées" (88). Comme dans un culte californien, ils sont écoutés puis pris en charge par "les frères" qui entreprennent leur diabolique lavage de cerveau vers le paradis promis. Pour y accéder, le croyant doit commettre le sacrifice ultime, mourir en martyr, c'est-à-dire en kamikaze islamiste, et emporter avec lui le maximum d'innocents. Alors que Driss réussit à se faire sauter, Khalil échoue dans son entreprise macabre. Le bouton qui devait actionner son gilet bourré d'explosifs ne fonctionne pas malgré plusieurs tentatives. Il quitte le RER, se perd dans Paris, sans argent ni papier, mais réussit toutefois à appeler Rayan. Son ami laïque conduit en urgence pour le récupérer et le ramener chez lui en Belgique. Commence alors le voyage au bout de la nuit islamiste: Khalil fera sa propre enquête, ira dans la ferme de l'artificier, retrouvera l'émir Lyes, et rencontrera le Cheikh, cerveau de l'entreprise. Ce dernier lui explique qu'il est au courant de la mission avortée, et que Khalil n'est pas lâche, car il y avait eu "une erreur" dans les gilets de la mort. Il ajoute qu'il lui fait confiance et qu'il l'enverra bientôt dans une nouvelle mission au Maroc. Khadra décrit aussi la psychose des musulmans, dévastés devant l'horreur et devenus boucs-émissaires. Pris entre les haines islamistes et le racisme de l'extrême droite, ils savent qu'ils vont payer les pots cassés (90–92). La mort de la sœur de Khalil dans le métro de Bruxelles sèmera le doute dans son esprit et fera catapulter l'attentat à Marrakech. Ce beau roman, qui nous éclaire sur les raisonnements obscurs des nazislamistes, est concis et bien réfléchi, et se lit d'une traite.

Alek Baylee Toumi
University of Wisconsin, Stevens Point
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