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Reviewed by:
  • Kanaky by Joseph Andras
  • Vivan Steemers
Andras, Joseph. Kanaky. Actes Sud, 2018. ISBN 978-2-330-10931. Pp. 304.

Au printemps de 1988, quelques dizaines d'indépendantistes investissent une gendarmerie de l'atoll Ouvéa en Kanaky, le nom indigène pour la Nouvelle-Calédonie. [End Page 208] Après la mort de quatre gendarmes s'ensuit une prise d'otage pendant une dizaine de jours dans une grotte sacrée. Des membres du Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste (FLNKS) réclament l'indépendance de la Kanaky socialiste au lieu d'une "indépendance-association" proposée par les accords de Matignon censés être signés quelques mois plus tard. L'assaut final des militaires met fin aux événements en tuant dix-neuf preneurs d'otages kanak, parmi lesquels leur chef de file, Alphonse Dianou, et deux militaires. Kanaky se veut à la fois une quête et une enquête, un carnet biographique et un récit à voix multiples. À travers la trajectoire d'un individu, Dianou, Joseph Andras raconte une lutte collective pour l'affranchissement total de la tutelle de Paris. Qui était Kahnyapa Dianou, Alphonse de son prénom français? L'auteur tente de percer le mystère de "celui dont l'État jura qu'il était moins qu'un homme" (291) et de rétablir la vérité sur celui qualifié à la fois de terroriste et de martyr, de religieux et de militant. Serait-il possible que cet homme humble, chrétien de gauche, prônant la non-violence dans sa lutte pour l'indépendance des Kanak ait basculé dans la violence en tuant des militaires pendant l'assaut de la gendarmerie de Fayoué, alors que ce devait être une simple prise d'otages? Dans son combat pour une société kanak multiraciale, solidaire et fraternelle, avait-il fini par rompre avec son principe de non-violence? La mission d'Andras frôle parfois l'obsession dans ce récit écrit à la première personne. Pendant plus de trente mois, l'auteur mène son enquête en Kanaky et en métropole, retraçant les différentes étapes de la vie du "barbare" qui a retenu un jour son attention. Andras donne la parole à tous ceux qui sont impliqués dans cette histoire, à savoir les membres de la famille d'Alphonse, ses camarades, mais aussi l'ancien gendarme d'élite et patron du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), Philippe Legorjus, qui avait mené les négociations avec Dianou et dirigé l'assaut final sur la grotte d'Ouvéa. Legorjus tranche la question brûlante de la mort "anormale" (selon lui) de l'indépendantiste charismatique. Il tient le pouvoir politique de l'époque—la cohabitation Mitterrand-Chirac—pour responsable de la conflagration d'Ouvéa. L'auteur alterne les chapitres relatant l'enquête (y compris les résultats de ses recherches d'archives et de sources variées qu'il rapporte dans la bibliographie) et une reconstruction des événements au printemps 1988 sur l'atoll Ouvéa, intensifiant petit à petit le suspense jusqu'à l'assaut final. Dans son introduction, Andras prévient le lecteur que sa tâche d'écrivain se situe entre celles du journaliste, de l'historien, du militant et du poète. L'écrivain, écrit-il, "n'a pas la réserve du premier, le recul du second, la force de persuasion du troisième ni l'élan du dernier" (12). Néanmoins, dans Kanaky, l'auteur combine admirablement la clarté, la conviction et la poésie. Finalement, cette publication est tombée à propos, au moment du référendum d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie. [End Page 209]

Vivan Steemers
Western Michigan University
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