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Reviewed by:
  • Émilie du Châtelet, philosophe by Véronique Le Ru
  • Edward Ousselin
Le Ru, Véronique. Émilie du Châtelet, philosophe. Garnier, 2019. ISBN 978-2-406-08792-2. Pp. 204.

Comme le rappelle l'auteure, Émilie du Châtelet (1706–1749) est souvent réduite, en particulier dans les manuels de littérature française, au rôle de "simple traductrice d'un grand savant, Newton, ou en simple compagne d'un grand écrivain philosophe, Voltaire" (10), ce qui revient à ignorer l'étendue et la variété de son œuvre. Le but du livre de Véronique Le Ru est de "dresser le portrait de la marquise du Châtelet en philosophe à part entière" (10). La première partie de ce livre est consacrée à l'œuvre elle-même. Elle inclut des chapitres sur le Discours sur le bonheur et sur les Examens de la Bible, qui n'ont pas été publiés du vivant d'Émilie du Châtelet. La deuxième partie aborde la question de la postérité ou de l'influence de l'œuvre. On y trouvera des chapitres sur l'Encyclopédie, sur La Mettrie et sur Olympe de Gouges. Dans son introduction, Le Ru retrace brièvement la vie d'une femme qui au début du dix-huitième siècle avait eu le privilège exceptionnel de bénéficier d'une "éducation de garçon"—c'est-à-dire qu'elle avait pu "apprendre le latin et les mathématiques, domaines traditionnellement inaccessibles aux filles, ce qui les empêchait ensuite de lire des ouvrages de philosophie ou de sciences, pour la plupart rédigés en latin" (11). Fait excessivement rare pour l'époque, la marquise deviendra ainsi à la fois une femme de lettres et une mathématicienne. En 1734, en donnant asile en son château de Cirey à Voltaire, menacé d'emprisonnement, Émilie du Châtelet entame une vie commune et studieuse qui durera jusqu'à sa mort et qui produira une œuvre dont la profondeur a mis fort longtemps à être reconnue. Puisque le travail scientifique de la marquise, en tant que traductrice et commentatrice des Principia d'Isaac Newton, est depuis longtemps célèbre, il est plus utile, dans le cadre de cette courte recension, d'évoquer ses œuvres moins connues. Avec sa traduction de The Fable of the Bees de Bernard Mandeville, et surtout sa préface qui l'accompagne, Émilie du Châtelet participe aux [End Page 206] querelles sur l'utilité du luxe, "une question tumultueuse qui traverse tout le XVIIIe siècle" (178). Dans son Discours sur le bonheur, elle examine la valeur morale des passions et du désir, s'opposant de ce fait à la mémorable formule stoïcienne de Montaigne, pour qui philosopher, c'est apprendre à mourir. Dans ses Examens de la Bible, elle se montre plus matérialiste et plus radicale dans sa critique que le déiste Voltaire: "Elle veut, en montrant que la Bible est un tissu d'incohérences et d'absurdités, disqualifier le pouvoir politico-religieux des prêtres et la domination masculine en général qui s'appuie sur elle" (80). C'est une autre image d'Émilie du Châtelet qui ressort du livre de Le Ru, celle d'une véritable philosophe qu'il "est grand temps de lire […] pour elle-même" (187).

Edward Ousselin
Western Washington University
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