Les Crevettes Pailletées by Cédric Le Gallo, et Maxime Govare, réal (review)

Comédie loufoque dont les thèmes LGBTQ et sportif s'enchevêtrent avec des accents de satire sociale et de mélodrame moralisant, Les Crevettes pailletées est un film amusant et inégal qui ajoute peu aux genres qu'il aborde. Au mieux, la joie de vivre, la sensibilité et le drame s'agencent selon une posologie vérifiée, qui assure un agréable divertissement. Au pire, cela tombe dans le cliché et le prévisible. Entre ces extrêmes, il y a un ancrage rafraîchissant dans la réalité. C'est l'histoire—inspirée de faits réels—d'une équipe de water-polo homosexuelle, les Crevettes pailletées titulaires, désespérément nulle, mais qui ambitionne de participer aux Gay Games. D'emblée, l'intrigue nous ramène sur le terrain de la comédie situationnelle: Matthias Le Goff, champion olympique de natation, qui avait fait une remarque homophobe lors d'une interview télévisée, est condamné par sa fédération à une mission d'intérêt général consistant à entraîner les Crevettes pailletées en vue des prochains Gay Games. Le comique et la leçon socio-humaine dépendent entièrement de la dynamique entre le réticent et très macho Matthias et les sportifs amateurs dont les singeries le répugnent. Mais est-ce vraiment surprenant de dire que les événements, les personnalités de ses élèves et le désir d'impressionner sa fille finiront par éduquer Matthias jusqu'à le transformer en un "allié"? Selon Le Gallo, il s'agit de faire la différence entre la caricature et le haut en couleur. Ce qui fonctionne bien dans le film, c'est la présentation sans réserve et sans remords d'un certain style de vie par endroits excessif, voire flamboyant, qui risque d'être traité de facile, vain, voire creux par des gens comme Matthias. Lorsque celui-ci dit que les "crevettes" se comportent comme des adolescents insouciants, Jean, le président de l'équipe, observe que tout le monde a des problèmes et résume en peu de mots les drames en tout genre marquant la vie de chacun de ses amis. Artifice narratif tenant de la caricature ou de la bande dessinée, c'est surtout un outil révélateur de ce que le film interroge, notamment ce qui définit le style de vie gay: vivre à travers la musique et la danse, trouver le courage d'assumer son identité profonde, vivre dans l'instant. Du reste, les problèmes et les défis sont les mêmes, quelles que soient son identité de genre et son orientation sexuelle. Ce n'est pas parce qu'on est homosexuel qu'on est à l'abri de l'intolérance: Joël déplore la présence d'une personne transgenre dans l'équipe, ajoutant qu'au moins ce n'est pas une lesbienne. Parce qu'il décide de donner priorité à son mari et à leurs jumeaux, Cédric est accusé d'hétéronormativité par ses coéquipiers, qui voudraient qu'il se concentre uniquement sur l'équipe. Le film célèbre la différence tout en ridiculisant les intolérances qui existent au sein de la communauté gay. Par contre, l'homophobie n'est ni châtiée, ni exposée comme un fléau. Elle est présentée sans militantisme mais avec humour comme un symptôme d'ignorance, une affliction qui se soigne et dont on peut guérir.