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Reviewed by:
  • Les calendriers by Robert Cottard
  • Didier Bertrand
Cottard, Robert. Les calendriers. L'Olivier, 2019. ISBN 978-2-8236-1508-1. Pp. 267.

Dans le bourg de Gonneville-la-Mallet, non loin d'Étretat, en pays de Caux, "Bob le facteur" fait sa tournée annuelle spécialement réservée à la distribution de calendriers—dans l'espoir de recevoir ses étrennes—aux gens qu'il voit tous les jours quand il leur apporte leur courrier, leurs mandats d'allocations familiales ou, faute de paiement, leurs notifications de coupure imminente du gaz ou de l'électricité. Bob, c'est tour à tour un confident, un ami ou un homme de confiance à qui on offre le cidre ou le calva, ou avec qui on partage un repas léger. De ce fait, Bob est un alcoolique invétéré qui doit faire face, de temps à autre, aux heurts avec une administration régionale et nationale de plus en plus exigeante, qui refuse de passer l'éponge sur ses pertes de courrier et sur les dommages que ses apéritifs et digestifs infligent à son véhicule de fonction, ce dernier se retrouvant trop souvent soit dans un fossé, soit contre un poteau électrique. La tournée des calendriers, si elle n'est pas toujours aussi lucrative que Bob l'espère, ne manque pas de divertir le narrateur et, à travers lui, son lecteur. Aujourd'hui, il rencontre un Hollandais perdu, à la recherche de la demeure de la maîtresse de Maupassant. Demain, il sera témoin de l'incartade entre le fils du boulanger et Madame Fernande. "C'est pas [toujours] beau à Veï", comme le dit un des personnages, mais si Bob ne manque pas de relever l'humour—parfois grinçant—de chaque situation, il le fait essentiellement d'un regard bienveillant. Ce roman itinérant, de paysan en cafetier, de marin en commerçant, sans compter sur un châtelain migaulliste, mi-pétainiste, décrit un petit monde qui n'envie rien à l'Yonville de Madame Bovary. Il nous offre un point de vue unique sur la petite communauté, le patois et les [End Page 252] us et coutumes de ses habitants. Il s'agit aussi d'un monde qui, au fil de la lecture, s'avère appartenir à un passé. Quoique relativement récent—il s'agit grosso modo de l'ère giscardienne en France—il semble en effet en voie de disparition. Les paysans, par exemple, préfèrent les chevaux de trait à l'usage du tracteur, pensant que "le bon Normand ne laisse le modernisme entrer chez lui qu'après que celui-ci eut fait ses preuves ailleurs". L'utilisation de certains adverbes, en outre, contribue à ce sentiment d'évanescence. Robert Cottard est littéralement un homme de lettres: facteur de métier, il est aussi autodidacte et se lance dans l'écriture après sa retraite en 2000. Il écrit dans un style où l'humour se montre parfois caustique, souvent sensible, mais qui donne—et c'est bien dommage—trop souvent dans le pédantisme d'une phrase ampoulée et difficile à suivre. La lecture de ce roman demeure cependant un plaisir dont aucun lecteur ou lectrice ne devrait se priver.

Didier Bertrand
Indiana University Purdue University Indianapolis
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