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Reviewed by:
  • Personne n'a peur des gens qui sourient by Véronique Ovaldé
  • Véronique Anover
Ovaldé, Véronique. Personne n'a peur des gens qui sourient. Flammarion, 2019. ISBN 978-2-0814-4592-5. Pp. 267.

Dès la première page, le lecteur comprend vite qu'il s'agit d'une situation limite: une mère (Gloria) qui prend la fuite avec ses deux filles, en pleine journée, les sortant de l'école sous prétexte d'une urgence. Ce n'est qu'au dernier chapitre que le dénouement est révélé par un narrateur omniscient qui depuis le début fait partie intégrale du récit. Le récit est narré à la troisième personne, avec un choix très calculé de la progression des détails narratifs, ponctués de commentaires subjectifs: "Je ne cesserai jamais de m'étonner de la manière dont on perçoit l'autre la première fois, l'autre qu'on aimera plus que tout" (26). D'ailleurs, le narrateur approuve ou condamne les actes des personnages avec ses commentaires, mais retient également le lecteur en s'adressant directement à lui: "Gloria n'avait pas votre réserve" (265). Dans ce polar, il s'avère que Gloria prend la fuite, effrayée et désemparée, après la mort (accidentelle—ou pas?) de son époux Samuel. Elle se sent en danger, ciblée par Pietro, l'avocat de son père décédé, qui gère ses actifs, mais en qui elle manque de confiance. Elle craint qu'il ne veuille son patrimoine et qu'il ne soit responsable de la mort de Samuel. D'ailleurs, plus tard dans le récit, elle l'accusera de la mort de son vieil oncle par strangulation, alors qu'il essayait d'apprendre le lieu de refuge de la jeune femme et de ses filles. En alternant le présent et le passé, le narrateur retrace la vie de Gloria depuis son enfance jusqu'au moment du récit. Elle n'a pas eu une enfance facile. Abandonnée par sa mère à un très jeune âge, elle a été élevée par son père jusqu'à l'adolescence, et ensuite par [End Page 264] son oncle, Tonton Gio. Très vite, elle a connu Samuel, elle est tombée enceinte et elle s'est mariée. On apprend que leur mariage n'était pas toujours idyllique, et lorsque l'accident a eu lieu, Gloria attendait son deuxième enfant. Après la fuite, Gloria s'installe dans la maison de famille, en retrait dans un petit village dans le Nord. Le discours narratif est parsemé de passages très tendres entre une mère et ses deux filles, en particulier lorsque Gloria évoque un père absent à une enfant qui commence à pleurer de ne pas avoir connu son père et de n'avoir été au moment de l'accident "qu'un minuscule agglutinement de cellules dans le corps de sa mère, Une toute petite personne, rectifie toujours Gloria. Une toute petite personne pour entendre la voix de son papa et une peau pour sentir ses caresses" (85). L'image à laquelle nous renvoie le narrateur est celle d'une mère protectrice avant tout, veuve aimante de son mari, qui lutte pour offrir à ses filles un avenir meilleur. Cependant, faut-il se fier à l'image que nous renvoie le narrateur? Peut-on se fier aux apparences? Tout au long du récit jusqu'au dénouement, où la phrase "je sais tout" est prononcée et le suspense levé, il est normal de ne pas avoir peur des gens qui sourient.

Véronique Anover
California State University, San Marcos
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