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prolongeant sur trois pages, constitue d’ailleurs un morceau de bravoure. Désignant une Europe qui semble hésiter entre renaissance et sénescence, le titre se retourne contre le roman, qui s’éternise parfois dans les descriptions d’intrigues à répétitions, se réitérant en boucle fermée sans arriver à une quelconque conclusion. Western Washington University Edward Ousselin GALLOIS, ANNE. La Vie secrète du kimono. Paris: Fayard, 2009. ISBN 978-2-213-63737-9. Pp. 325. 17,90 a. Rien de tel qu’une maîtresse pour vous donner envie de bouger et vous faire sortir du coma de la conjugalité. L’apparition de Fanny dans la vie de Régine réveille celle-ci et lui fait troquer son vieux jean pour des vêtements sexy et abandonner bière et anti-dépresseurs. L’épouse de plus de quatorze ans cesse d’être la victime consentante de son “infidèle très fidèle” mari (276). Dans La Vie secrète du kimono, Anne Gallois dresse un portrait atypique de l’éternel trio, le mari, la femme, la maîtresse. Fanny, 60 ans, journaliste, célibataire, rencontre Mario un matin d’été alors qu’il monte une boutique d’objets exotiques. Il a laissé sa femme et son fils à leurs dépression et sérieux respectifs. Peu friand des “cachotteries, mensonges, complications” (32) qui découlent d’une double vie, Mario déplore que la polygamie ne soit pas légale. Il propose à plusieurs reprises à Fanny de rencontrer sa femme, usant d’arguments persuasifs: Si tu m’aimes, tu dois tout partager, même mon mensonge, même ma culpabilité. Toutes les formules dans ce domaine ont été essayées et aucune ne marche vraiment. Exploiter les possibles, c’est à la portée de tout le monde. Exploitons l’impossible. Elle ne saura rien de notre relation. (63) Pour Régine, Fanny demeurera la logeuse de Mario; mais si le fils adolescent n’est pas dupe, l’épouse, qui a abandonné un avenir d’avocate pour plaire à son mari, a également très bien saisi de quoi il retourne. Ce roman, divisé en deux parties, avant et après (la rencontre des deux femmes), met en scène un triangle plus qu’un trio, chaque personnage ayant une relation avec les deux autres. Fanny est “au mieux avec la femme de [s]on amant” (266), Régine lui répétant combien elle lui est redevable d’être sortie de sa neurasthénie. Dans ce roman, Gallois démonte les rouages de ce presque ménage à trois, exposant les motivations plus ou moins sincères du mari, expliquant comment la femme est devenue cette “comateuse profonde” (235), tout en gardant Fanny, par une narration tantôt à la première tantôt à la troisième personne, comme personnage principal. C’est par elle que Gallois développe les intrigues secondaires, comme l’histoire de cette femme rencontrée dans le train qui a aidé son mari à devenir transsexuel et ne plus vivre dans le mensonge, celle de Karine qui se fait faire un demi-lifting pour garder son mari, et surtout Nadia dont les problèmes familiaux donnent pâle figure aux déboires sentimentaux de Fanny. A son héroïne, Gallois confie une enquête sur les confessionnaux en France d’où il ressort “que l’Eglise admet implicitement l’adultère” (279). “Si rien n’est interdit, quel intérêt?” (280), interroge Fanny, l’ex-catho devenue athée. Son éditeur lui répond que c’est alors aux “laïcs et athées de réinventer des interdits” (280). En acceptant de rencontrer Régine, 200 FRENCH REVIEW 84.1 Fanny a enfreint l’interdit ultime. Sa relation avec Mario s’essouffle, il n’est qu’à en juger par le kimono bleu qui pend dans la salle de bains, que Fanny renifle, caresse, punit, aère, laisse à la vue de “l’autre”, étreint, donne puis récupère, lave à eau chaude d’où il ressort “froissé comme une guenille, rapetissé, déformé, décoloré, [...] l’ombre de lui-même” (248) avant d’être reniflé et caressé une dernière...

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