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Film edited by Michèle Bissière DUFOUR, ERIC, et LAURENT JULLIER. Analyse d’une œuvre: Casque d’or (Jacques Becker, 1952). Paris: Vrin, 2009. Pp. 128. ISBN 978-2-7116-2219-1. 9,80 a. Fidèle à une politique éditoriale orientée vers un public cinéphile à la recherche de textes rigoureux et accessibles, la collection “Philosophie et cinéma” offre aux amateurs et enseignants un nouveau petit ouvrage particulièrement utile et renseigné. Ceux qui aiment à faire découvrir Casque d’or à leurs étudiants trouveront en effet dans cette Analyse d’une œuvre un outil de travail à la lecture aisée et rapide. Minutieusement étayé de travaux universitaires de référence et riche d’une remarquable finesse d’analyse, l’ouvrage s’avèrera propice à un précieux gain de temps lors de la préparation d’un cours sur le film sans pour autant mettre en péril le sérieux de son contenu. Une brève introduction reconnaît la dette des auteurs envers les travaux existants (une citation de Dudley Andrew tient notamment lieu d’épigraphe) et inscrit l’ouvrage dans une approche ouvertement interdisciplinaire (9–11). S’ensuit un premier chapitre (13–32) qui relate la genèse d’une œuvre très librement inspirée d’un fait divers datant de la Belle Epoque (23–27): scénario plusieurs fois récrit, projet passé de main en main, droits rachetés et autre tentative d’interdiction... Dufour et Jullier prêtent attention aux dialogues d’un script dont l’économie, le réalisme et la crudité tranchent avec la verve littéraire de la tradition française des Prévert, Aurenche et Bost. De l’écriture scénaristique émane la “dimension pathologique des rapports sociaux” (21) et s’établit une parenté entre Becker et le néo-réalisme italien (22–23). Les auteurs évaluent enfin la véracité historique du film à la lumière de travaux d’historiens et sociologues pour souligner “l’authenticité incertaine” (30) de la reconstitution historique. Ils préfèrent donc envisager le film dans le contexte de sa production, à savoir la France de 1952, confrontée au “déclin de la gauche” (31) ainsi qu’à un passé récent encore douloureux qui font surface, plus ou moins voilés, au détour du récit (31–32). Le deuxième chapitre (33–55) s’attache à éclairer la cohérence de la mise en scène de Jacques Becker et la façon dont elle implique le spectateur (“mood management”). Les auteurs ne se montrent jamais dogmatiques et se gardent d’imposer une grille de lecture trop rigide; ils préfèrent en effet insister sur la polysémie du film, sans pour autant nier les contingences de tournage qui purent guider certains choix de mise en scène. Le chapitre s’ouvre ainsi avec virtuosité sur une analyse de l’incipit du film qui éclaircit les fonctions narratives et diégétiques qu’il remplit, ainsi que sa valeur proleptique. S’ensuit une étude précise de la représentation des rapports de force dans le film qui montre combien mise en scène et mouvements de caméra se mettent au service de la narration et des enjeux dramatiques. Les troisième et quatrième chapitres s’attachent à révéler les “cadres” socioculturels qui structurent la diégèse. Une fois encore, Dufour et Jullier tirent parti de leur science formelle pour donner corps à leurs arguments. Ainsi, révèlent-ils l’importance du chronotope, tout en remarquant que l’approche de Becker n’est nullement déterministe et que les personnages ne sont pas prisonniers de leur environnement. Il en va de même de leur identité sexuée qui n’est ni fixe ni Reviews 175 monolithique—Jullier et Dufour intègrent subtilement les travaux de Judith Butler à leur analyse de la représentation des rapports entre les sexes. On regrettera que la cinquième partie, qui contextualise la sortie du film et sa réception critique et populaire, ne s’intègre pas bien à l’ensemble de l’ouvrage et ne mène pas à des conclusions aussi stimulantes que les pr...

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