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TOMAN, CHERYL. Contemporary Matriarchies in Cameroonian Francophone Literature: “On est ensemble”. Birmingham, AL: Summa, 2008. ISBN 978-1-883479-60-2. Pp. 174. $45.95. La critique littéraire universitaire a depuis des années étudié la présence de la culture traditionnelle dans les romans francophones en Afrique subsaharienne. Elle a commencé par s’intéresser aux éléments les plus visibles tels que la rhétorique, les contes, les proverbes. Petit à petit pourtant, elle fouille les textes plus profondément. L’ouvrage de C. Toman participe à cette nouvelle recherche. Il découvre dans des romans écrits par des Camerounaises la présence, la persistance et l’adaptation au monde moderne des réseaux de soutien féminins traditionnels. Pour ce faire, elle centre son analyse sur Ngonda par Marie-Claire Matip, Rencontres essentielles par Thérèse Kuoh-Moukouri, Elle sera de jaspe et de corail par Werewere Liking, C’est le soleil qui m’a brûlée et Tu t’appelleras Tanga par Calixthe Beyala et La Tache de sang par Philomène Bassek. Par matriarcat, il faut comprendre ici non pas une société où la parenté se transmet par la femme, mais bien les réseaux de solidarité, de soutien créés par les femmes: tontines, organisations diverses, sociétés secrètes ou non. Dans la vie traditionnelle, précoloniale, les hommes et les femmes avaient leurs sphères spécifiques. Les femmes, pour contrebalancer le pouvoir masculin, avaient créé divers systèmes suivant leurs groupes ethniques, les régions et les époques. A travers eux, elles avaient pleins pouvoirs dans certains domaines. Au dixneuvi ème siècle, l’islam avait commencé à les troubler dans le nord du pays et au vingtième siècle le christianisme les affecta dans le sud du pays. Comme l’administration française ne soutint pas l’éducation des filles, l’église catholique en prit la charge. L’enseignement qu’elle dispensa donnait l’autorité familiale à l’homme, père ou mari, ce qui eut des effets dans ces systèmes. On aurait pu croire qu’ils allaient se briser et puis disparaître avec le colonialisme. Certes, ils s’affaiblirent, mais ils résistèrent dans les campagnes et dans les villes ils prirent de nouvelles formes. Toman illustre à travers les romans leur permanence, le souci des écrivains de s’adresser aux femmes et de préserver des habitudes traditionnelles qu’elles appréciaient, bref leur féminisme africain. On pourrait se demander pourquoi commencer avec Ngonda (1958), courte œuvre inaccessible à la plupart. En fait l’idée se défend facilement car partir du premier roman publié par une Camerounaise démontre d’abord que le colonialisme n’a pas détruit toutes les traditions, mais plutôt a forcé un changement d’orientation. Ensuite, il prouve la volonté des femmes de participer à part entière dans leur société, même si le colonialisme et les régimes suivants ne leur laissent qu’une étroite marge de liberté. Ngonda met en évidence le pouvoir économique des femmes et la nécessité THE FRENCH REVIEW, Vol. 84, No. 1, October 2010 Printed in U.S.A. REVIEWS Literary History and Criticism edited by Hope Christiansen 154 pour elles de s’entraider. Rencontres essentielles soulève d’autres aspects de la question, par exemple la place que tient la maternité dans la vie d’une femme et la manière d’agir face à l’inconstance masculine, mais surtout il propose que la femme assure sa propre subsistance. Dans ses œuvres, Liking attaque le christianisme pour avoir relégué la femme au second plan. A cette fin, elle se réfère à la littérature orale et au mythe de Soo, la femme originelle chez les Bassa. Elle suggère aussi que la femme a droit à l’amour et à choisir son partenaire, notions révolutionnaires dans une société où le groupe familial décide des alliances. Beyala continue sur cette voie. Elle insiste sur la complémentarité du couple et elle développe son concept personnel du féminisme. Quant à Bassek, à travers le rituel de “l’anlu” et la difficile question de l’avortement, elle montre...

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