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  • Dans les dédales du Web. Historiens en territoires numériques dir. by Stéphane Lamassé et Gaëtan Bonnot
  • Émilien Ruiz
Stéphane LAMASSÉ et Gaëtan BONNOT (dir.), Dans les dédales du Web. Historiens en territoires numériques, Paris, Éditions de la Sorbonne, « Homme et société », 2019, 276 p.

Paru en 2019, Dans les dédales du Web reprend une partie des communications faites lors de deux journées d'étude qui se sont tenues à la Sorbonne en juin 201668, le tout sous la direction de Gaëtan Bonnot et Stéphane Lamassé. Médiéviste et moderniste, tous deux sont membres du PIREH (Pôle informatique de recherche et d'enseignement en histoire) de la Sorbonne qui, fort d'une expérience solide et reconnue, constitue depuis trente ans l'un des principaux pôles de réflexions et de formations sur les possibilités offertes par les mathématiques et l'informatique appliquées à l'histoire69. Ce livre ouvre d'ailleurs une nouvelle série intitulée « Numériques » dont S. Lamassé est le conseiller, au sein de la collection « Homme et société » des Éditions de la Sorbonne. Cette série entend contribuer au (et penser le) « développement de perspectives nouvelles mêlant les champs disciplinaires des sciences humaines et sociales, les mathématiques appliquées et l'informatique » (p. 4). Ce faisant, l'ouvrage peut être considéré comme une sorte de manifeste [End Page 277] visant à faire entendre la voix de Paris 1 et, plus spécifiquement, du PIREH70 dans les nombreuses réflexions en cours sur les transformations de l'histoire à l'ère numérique.

Les directeurs le notent d'emblée dans l'introduction, cet ouvrage s'inscrit dans la lignée des travaux qui se multiplient depuis les années 1990-2000 sur les relations entre historiens, historiennes et Internet (p. 7). La voie proposée est toutefois originale : non seulement parce qu'ils se saisissent non pas d'Internet en général, mais bien du Web en particulier, mais aussi, et surtout, par la démarche qui guide l'ensemble. Ce collectif se concentre en effet, à partir de cas empiriques, sur deux questionnements complémentaires. Il s'agit, d'une part, de se demander ce que l'histoire peut faire du/avec le Web. Les contributions portent ainsi tant sur les données du Web nativement numériques, que sur ce que la numérisation fait aux sources plus traditionnelles. Il s'agit, d'autre part, de poser la question de ce que le Web fait à l'histoire, en passant au crible de la méthode historique un certain nombre de productions en ligne. Les contributions donnent ainsi à voir ce qu'est le métier d'historien face/avec/à l'heure du Web. Si les contributions sont inégales (c'est la loi du genre), l'ensemble est tout à fait cohérent et ne tombe pas dans le travers du « patchwork ». L'ouvrage permet ainsi de saisir qu'au-delà des grandes envolées lyriques sur la « révolution numérique » et qu'en dépit d'un champ des « humanités numériques » qui semble parfois dominé par les sciences infocom ou la linguistique, les historiens disposent de savoir-faire, de méthodes (quantitatives notamment) qui permettent de mieux saisir, dans une perspective critique et réflexive, les transformations en cours de la production des savoirs en ligne. Plutôt que de synthétiser l'ouvrage71, je ferai ici porter la focale sur les trois contributions qui apportent un éclairage intéressant sur les problématiques traitées dans ce dossier du Mouvement social consacré aux écritures de l'histoire et à leurs publics.

Dans un chapitre intitulé « L'histoire et l'écriture numérique. Approche technique, politique, épistémologique », Éric Guichard propose à la fois une réflexion d'ensemble sur les historiens face aux « dévots du numérique », un retour sur un projet « d'enquête historique au temps du numérique » (une cartographie historique des universités en Europe72) et une analyse des enjeux de l'écriture numérique. Le lien entre ces trois dimensions...

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