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  • Fiju di Terra. La crise casamançaise racontée à mes enfants by Xavier Diatta
  • Pape Chérif Bertrand Bassène
Fiju di Terra. La crise casamançaise racontée à mes enfants
xavier diatta
Québec : Kmanjen/Injé Ajamaat, 2017; pp. 187, 10,000 CFA ($22.00 CAD) hardcover.

« Fiju di Terra », de Xavier Diatta est un récit de vie publié par les Editions Kmanjen/ Injé Ajamaat en mars 2017. Dans cet ouvrage de 187 pages, l'auteur, un ancien aviateur militaire survole la complexe « crise casamançaise » au sud du Sénégal du point de vue de son expérience à la fois militaire, de cadre casamançais, membre de la société civile et parfois d'homme politique.

Le titre « Fiju di Terra » (les enfants du pays) en créole portugais local, renvoie au passé d'une "Casamance portugaise" et à un vieux débat sur l'autochtonie et l'appartenance à Ziguinchor. C'est aussi un signifié, une formule d'affiliation, de positionnement par rapport à qui peut "parler de" voire "raconter" la crise casamançaise que revendique l'auteur. Le discours actuel étant par ailleurs la consolidation de la paix, « Fiju di Terra » participe de cette réflexion contre l'oubli, faisant le bilan dudit « (Le) conflit de Casamance : ce que disent les armes »1 dont l'atrocité jusque-là se dévoile comme le « Récit d'un conflit oublié ».2

Le style de Xavier Diatta est celui du témoignage dans une sorte de véritéréconciliation anticipée. Il raconte son récit à ses "enfants" sous la convention de son expérience militaire et ne le présente pas comme un travail de chercheur. L'auteur reprend très largement ses sources (la presse par exemple) mais ne s'encombre pas d'une bibliographie et se contente juste de quelques notes de bas de page (42–158). Quant aux premières pages, elles dévoilent ce style avec quelques coquilles qui laissent l'impression que la publication a été précipitée sans relecture (5–31). Au-delà de cette critique initiale, on reconnaitra à l'auteur le mérite de rendre accessible la problématique casamançaise. [End Page 153]

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« Fiju di Terra » comprend neuf parties. La première, l'introduction, est une sorte de testament sur les éléments d'ordre familial qui justifieraient l'existence de cette oeuvre culturelle. On retrouve le sens du titre secondaire du livre : « La crise casamançaise racontée à mes enfants ». Quelques pages dont la lecture aide à saisir la posture de témoin de l'auteur, tour à tour "lycéen à Ziguinchor, aviateur militaire, élu local . . ." (13–31).

La deuxième partie, « Mouvement des peuples », est un exercice historique où l'auteur exploite passablement différents travaux sur la Casamance (32–40). Malgré les différentes tentatives de justifier son intérêt pour l'histoire, les lecteurs qui suivent de près la réflexion relative à la Casamance n'y puiseront pas grande chose sinon le constat que les récits oraux sont désormais alimentés par l'interprétation écrite des élites éduquées.

Nonobstant cette lenteur pour entrer dans le vif de son histoire de vie militaire, les huit pages de la seconde partie aboutissent sur « Le Conflit Casamançais » ; c'est l'intitulé de la troisième partie la plus longue (42–102). Il y est question des origines du conflit, de ses différentes causes (politique, historique, culturelle, économique . . .). Xavier Diatta fait l'historique de la suite des événements du 26 décembre 1982, la "guerrisation" de la région, les procès, la répression et conséquemment ce qu'il appelle "le Diola face à l'inquisition" (90).

La brève quatrième partie, conceptualise une « (L') idéologie du complot » ; la manière dont le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) à travers son leader charismatique Abbé Diamacoune construisait sa propagande indépendantiste (111–118). Le prélat réussissait dans son discours à justifier la cause rebelle. Témoin des années d'indépendance, il voyait le Sénégal comme héritier de la France coloniale, et pouvait soutenir que la fine fleur...

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