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  • Les Pouvoirs de la littérature de jeunesse by Kodjo Attikpoé
  • Suzanne Pouliot
Attikpoé, Kodjo, coordonnateur. Les Pouvoirs de la littérature de jeunesse. New York, Peter Lang, 2018. ISBN 9783631768570. 220 p.

Divisé en trois parties, le volume rassemble treize contributions présentées lors de l'atelier "Les pouvoirs de la littérature," qui s'est tenu du 31 mai au 3 juin 2015 à l'Université d'Ottawa, dans le cadre du colloque de l'Association des Professeur.e.s de français des universités et collèges canadiens (APFUCC). En introduction, Kodjo [End Page 211] Attikpoé identifie les fonctions attribuées à la littérature destinée aux jeunes: plaire, instruire, contester la soumission au pouvoir, voire construire une poétique des valeurs.

La première partie rassemble cinq articles qui explorent les méandres du social. Monique Noël-Gaudreault se demande ce que peut la littérature de jeunesse: s'agit-il d'un miroir ou d'une arme de persuasion (17–27)? L'auteure répond à cette question en explorant un vaste corpus de romans socio-réalistes considérés comme des miroirs de la réalité qui grossissent et simplifient pour montrer, tout en servant également d'arme de persuasion. Par sa nature, la littérature de jeunesse oriente son écriture en fonction de ses destinataires (17) et a pour mission le dessillement, tout en faisant appel à l'imaginaire du lecteur. En somme, la littérature miroir répond à un besoin d'appartenance sociale, tout en étant un instrument de distanciation esthétique, de critique sociale, qui vise à sensibiliser le futur citoyen aux valeurs de tolérance et de solidarité (25). Pour Laurianne Perzo, les auteurs du théâtre francophone pour la jeunesse souhaitent réduire l'innocence de leurs jeunes lecteurs à être au monde, en posant un regard sur la migration (29–43). Les textes dramatiques publiés depuis 2000 évoquent les murs, les frontières et les limites des déplacements rêvés ou vécus par des personnages qui ont l'enfance en partage. D'après Perzo, la question de la frontière semble indissociable de celle de la filiation (36). Les procédés dramatiques identifiés aident les jeunes à outrepasser les obstacles en vue de la conquête de leur liberté (40). Dans "Pouvoirs de la fiction, pouvoir des filles dans la littérature de jeunesse" (45–57), Anne Schneider identifie trois moyens stylistiques et littéraires qui construisent le discours idéologique qui accompagne le pouvoir des filles: les figures à valeur historique, les filles aventurières et les exploratrices. Si les premières servent d'exemplum, les dernières constituent des contre-exemples. Schneider note que les figures historiques permettent une identification plus facile des filles, au risque de certains anachronismes (47). Pour les années 1914–1918, l'anecdote reste la seule entrée possible pour décrire cette période troublante, faute de personnages célèbres connus (48). Quant aux aventurières et exploratrices, on les retrouve représentées dans les romans et les albums. Ces personnages féminins renversent les codes traditionnels qu'elles affrontent sans détour et brutalement (50). L'auteure s'attarde également sur les personnages féminins maghrébins, longtemps négligés, qui cherchent leur place dans la société. Elle constate que l'émancipation se fait dans la sphère culturelle, par une alliance générationnelle (54). Adeline Caute analyse "L'Image de l'injustice et de la révolte dans Haïti chérie et À la courbe de Joliba de Maryse Condé" (59–71). Caute montre qu'outre les fonctions généralement attribuées à la littérature de jeunesse, Maryse Condé propose un univers où injustice et révolte cohabitent, sans par ailleurs qu'il y ait d'issue heureuse. L'intersectionnalité utilisée comme instrument d'analyse met en lumière des traits qui se retrouvent dans les deux romans retenus: la couleur de la peau et l'âge des protagonistes. Ils sont la cause [End Page 212] d'injustices et, ultérieurement, le moteur de la révolte. Kodjo Attikpoé termine la première partie avec...

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