Abstract

Abstract:

L'un des thèmes majeurs du roman Les Lendemains d'hier est celui de la filiation: l'auteur, Ali Bécheur, interroge son rapport à son père, mais aussi le rapport de tout le peuple tunisien aux différents pères symboliques qui se sont succédé au pouvoir.

En premier lieu, l'analyse porte sur les raisons pour lesquelles le narrateur considère la filiation génétique comme un "abîme insondable." La figure du père silencieux et autoritaire entrave l'épanouissement de l'infans, considéré comme un être subalterne. La révolte et la libération sexuelle du fils remettent en cause toute ressemblance avec le père. Le Moi du fils adulte se dessine alors dans sa singularité. À la mort du père, une dialectique du Moi fait émerger une figure nouvelle du narrateur nourrie de l'héritage paternel, tant décrié dans sa jeunesse. L'abîme de la filiation est franchi grâce à l'écriture et permet une réconciliation avec la mémoire du père.

En second lieu, l'analyse concerne la filiation symbolique entre le peuple tunisien infantilisé et ses dirigeants. Le narrateur superpose les deux univers, intime et historique, et fait des figures du "Prépondérant," de Bourguiba et de Ben Ali des figures tutélaires imposant aux administrés une autorité inique. L'idéologie mise en place reproduit le même schéma de domination que dans le cas de la filiation génétique. Elle aboutit à une révolte qui brise les entraves ayant étouffé le peuple pendant des décennies de dictature.

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