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Reviewed by:
  • La part du diable. Le Saint-Élias de Jacques Ferron by Jacques Cardinal
  • Renald Bérubé (bio)
Jacques Cardinal, La part du diable. Le Saint-Élias de Jacques Ferron, Montréal, Lévesque éditeur, 2015, 330 p.

Quand Jacques Cardinal fait paraître, en 2015 chez Lévesque éditeur, La part du diable. Le Saint-Élias de Jacques Ferron, il n'en est pas à son premier essai touchant la production ferronienne. Il avait fait paraître sept ans plus tôt, en 2008, chez XYZ éditeur, un ouvrage qui fut finaliste au prix Jean-Éthier-Blais, Le livre des fondations. Incarnation et enquébecquoisement dans Le ciel de Québec de Jacques Ferron. La rubrique « Du même auteur » permet encore de lire, entre autres, les titres suivants: Le roman de l'histoire. Politique et transmission du nom dans Prochain épisode et Trou de mémoire de Hubert Aquin (1993) qui fut finaliste au prix Raymond-Klibansky ou encore Filiations. Folie, masque et rédemption dans l'œuvre de Michel Tremblay (2010). Chez l'essayiste Cardinal, lecture littéraire, lecture politique et religieuse, historique pour regrouper ces [End Page 403] deux dernières données, sont indissociables; le « roman de l'histoire », des « fondations » et des « filiations » est celui d'un « enquébécoisement » qui ne correspond pas tout à fait à la « grande noirceur » qu'aurait vécue le Québec avant les années 1960.

Saint-Élias, c'est le nom d'un voilier construit à Batiscan en 1869. Son nom vise à célébrer le chanoine Élias Tourigny, curé du village. Armour Cossette, vicaire de Batiscan, entretient une liaison adultère avec Marguerite Cossette, l'épouse de Philippe Cossette, personnage important et armateur du Saint-Élias. C'est le docteur Fauteux, mécréant informé et organisé, ami du curé Tourigny de surcroît, qui est responsable de la « rencontre » de Marguerite et d'Armour. Le couple adultère aura un enfant, Mithridate II, ce qui assure une descendance au couple légitime, jusque-là sans enfant. La part du diable, en quelque sorte, le bien peut survenir depuis ce qui semblait mal. Entre le docteur et le chanoine, les discussions sont de merveilleuse tenue socio-religieuse. Et lors du décès du mécréant qui s'est suicidé, « le chanoine Tourigny invente, en marge du droit canon une singulière messe des morts pour honorer [sa] mémoire », et déposera une idole sénégalaise sur le tombeau de son ami, idole remise par des Sénégalais au capitaine du Saint-Élias lors de l'un de ses nombreux voyages sur les mers du monde. À la fin du roman, la dynastie Cossette sera pérennisée par les paroles ultimes du chanoine et par la révélation que la narration de ce que nous venons de lire est due à Mithridate III.

Pour dire les choses simplement, La part du diable est un ouvrage à la fois singulier et remarquable. Singulier: alors que les lectures/essais de ce genre sont généralement constitués d'un texte critique avec ses notes en bas de pages, l'étude critique de Cardinal est constituée de deux textes (au moins): dans un livre qui compte 328 pages, les 143 premières sont consacrées à l'analyse chapitre par chapitre (ou presque: le roman compte 12 chapitres, l'étude en compte 10, auxquels s'ajoute un épilogue; « annexe » et « notes et références » mènent ensuite lectrices et lecteurs de la page 145 à la page 310; les pages 311 à 328 sont consacrées à la bibliographie. Entre le texte critique et les « notes et références », égalité quasi totale du nombre de pages, 150 de part et d'autre environ; entre les deux, l'« annexe », soit un résumé (p. 145–149) de la diégèse du Saint-Élias.

Remarquable: l'analyse du discours ferronien ainsi que menée dans la première partie est à la fois fort savante et hautement lisible. De toute évidence, Cardinal sait de quoi il parle quand il évoque telle ou telle théorie littéraire, la section IV de sa bibliographie nous informant clairement du champ couvert par...

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