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  • Germaine Guèvremont, Le cycle du Survenant I. Édition critique. En pleine terre et autres textes by David Décarie et Lori Saint-Martin
  • Michel Lord (bio)
Germaine Guèvremont, Le cycle du Survenant I. Édition critique. En pleine terre et autres textes. Édition établie par David Décarie et Lori Saint-Martin, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, coll. Bibliothèque du Nouveau Monde, 2017, 422 p., 49,95$

En même temps qu'ils publient de Germaine Guèvremont, Œuvres de fiction I. Édition critique. Tu seras journaliste et autres œuvres sur le journalisme, David Décarie et Lori Saint-Martin offrent une édition critique de ses premières œuvres parues cette fois en volume. Cet autre ouvrage très fouillé comprend une « Présentation » de 70 pages, une « Chronologie de Germaine Guèvremont », le texte intégral d'En pleine terre, suivi de quatre « Adaptations radiophoniques de nouvelles d'En pleine terre » et, en appendice, treize des quatorze nouvelles d'En pleine terre, parues d'abord en revues, surtout dans Paysanna. Suivent une courte « Lettre de Germaine Guèvremont à Roger Duhamel », un glossaire de 25 pages et une bibliographie de 45 pages. Enfin, on indique ce que contient le « Supplément en ligne »: Le Survenant, Marie-Didace et leurs adaptations radiophoniques. [End Page 396]

Dans la « Présentation », dans laquelle les éditeurs parlent autant des romans que des nouvelles de l'auteure étudiée, on met d'abord l'accent sur un phénomène particulier à l'époque où Guèvremont commence à publier: les adaptations à la radio. On apprend que « Gabrielle Roy, en 1946, oppose un refus catégorique à la proposition d'adapter Bonheur d'occasion dont lui fait part son avocat. Guèvremont, après voir elle aussi décliné l'invitation du réalisateur Paul Leduc, change d'avis et accepte d'écrire le radioroman Le Survenant ». Elle publie ensuite son dernier roman Marie-Didace en 1947, « alors qu'il lui reste plus de trente ans à vivre ». Ce qui nous vaut cette remarque qui nous en dit long sur le silence qui a suivi: « Entre la haute littérature et la consommation de masse […]; entre la pérennité de l'imprimé et l'éphémère succès des ondes […] on ne peut en fait que s'étonner qu'une écrivaine de la trempe de Guèvremont ait signé un pacte d'allure faustienne avec le commanditaire du radioroman, la brasserie Brading ». Quoi qu'il en soit, Guèvremont se lance dans une aventure qui a tout de même fait les belles années du début de la radio et de la télévision de Radio-Canada.

Les éditeurs rangent le cycle du Survenant, auquel appartient En pleine terre, en tant qu'œuvre fondatrice, dans la vogue des romans-fleuves, qui vont de La comédie humaine de Balzac aux Hommes de bonne volonté de Jules Romains, en passant par Les Rougons-Macquart de Zola, auxquels on pourrait ajouter La chronique des Pasquier de Georges Duhamel et Les Thibault de Roger Martin du Gard. La lignée est longue et grande. Le cycle de Guèvremont n'aura pas une telle envergure, mais son importance demeure capitale dans le corpus littéraire québécois.

C'est à la revue Paysanna que l'œuvre prend racine, Guèvremont y publiant à partir de 1938 ses courtes nouvelles qui deviendront celle du recueil En pleine terre. À la parution du livre en 1942, la critique se montre favorable. Les grands noms de l'époque—Michelle Le Normand, Solange Chaput-Rolland, Alfred DesRochers—en parlent avantageusement. « Seul l'abbé Gustave Lamarche fait état d'une "gêne" devant un parler populaire qui "devient vulgarité pure et simple" ». Presque tous insistent au contraire sur l'aspect sain, robuste et d'un réalisme parfait. Plus encore, on apprécie « sa conformité avec l'idéologie du terroir […] l'abbé Émile Bégin trouv[ant] l'œuvre utile à l'heure "où la jeunesse rurale trahit trop souvent la terre maternelle pour venir s'abrutir dans la niaiserie bruyante de la ville" ». Pour Jean-Paul Pinsonneault, « Guèvremont évoque "dans toute […] son indiscutable grandeur...

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