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  • Images, pouvoirs et normes: exégèse visuelle de la fin du Moyen Âge (xiie–xivesiècle) by Franck Collard, Frédérique Lachaud, Lydwine Scordia
  • Julia Drobinsky
Images, pouvoirs et normes: exégèse visuelle de la fin du Moyen Âge (xiiexivesiècle). Sous la direction de Franck Collard, Frédérique Lachaud et Lydwine Scordia. (POLEN — Pouvoirs, lettres, normes, 8.) Paris: Classiques Garnier, 2017. 417 pp., ill.

La recherche sur la représentation visuelle du pouvoir au Moyen Âge, qui a pris son essor dans les années 1980 notamment avec les travaux d’Anne D. Hedeman (The Royal Image: Illustrations of the ‘Grandes Chroniques de France’, 1274–1422 (Berkeley: University of California Press, 1991)), atteste sa fécondité actuelle avec le présent ouvrage. Celui-ci réunit les quatorze contributions présentées au colloque ‘Image et pouvoir au Moyen Âge (xiiexve siècle): le rôle de l’image dans la représentation des idées politiques’, qui s’est tenu à l’Université de Lorraine en 2013, sans être crédité dans l’édition. Le recueil, pluridisciplinaire, donne la parole aux historiens, historiens de l’art et littéraires pour interroger les fonctions assignées aux images à teneur politique: glorifier les vertus des monarques (tant rois que reines), offrir des modèles de bon gouvernement, légitimer une dynastie face aux prétentions étrangères, avertir des dangers du pouvoir, parfois même dénoncer des penchants indignes. Enrichi de quatre-vingt-douze illustrations, dont cinquante en couleurs, il comporte en outre une conclusion, une bibliographie conséquente, trois index (noms/œuvres, notions, manuscrits), les résumés des articles et une table des illustrations. L’Introduction, bilan des recherches en cours (qui omet de leur associer explicitement les articles présentés dans le corps du recueil), expose le projet de dégager les ‘facettes des usages politiques de l’image, comme de la contribution de l’image au politique dans l’Occident latin du xiie au xve s.’ (p. 11), en élargissant le champ aux supports les plus divers (sculptures et fresques, vêtements et bijoux, armures et meubles, sceaux et médailles, chartes décorées et manuscrits enluminés). De fait, le volume s’ouvre avec l’article de Sabine Berger, ‘La Mise en scène du pouvoir par les arts’, qui brosse un tableau global des vastes programmes de commandes artistiques et urbanistiques menés par les conseillers de Philippe le Bel, dans le triple but de ‘manifester [leur] pouvoir [.. .] et d’accéder au repos éternel en laissant ici-bas une image positive voire méliorative d’eux-mêmes’ (p. 28). Plus de la moitié des études suivantes font, inévitablement, la part belle aux miniatures, en explorant des manuscrits incontournables comme les Grandes Chroniques de France (Bibliothèque Sainte-Geneviève, MS 782, et BnF, MS fr. 2813), le Policraticus (BnF, MS fr. 24287) et l’Avis aus roys (New York, Pierpont Morgan Library, MS M. 456), ou en s’attachant à des témoins moins connus, comme les Vigiles de la mort de Charles VII dans le BnF MS fr. 5054, miroir des princes offrant à son destinataire, Charles VIII, l’image idéalisée mais peu conventionnelle d’un Charles VII modèle d’une ‘monarchie accessible et débonnaire’ (Franck Collard, p. 112). Si dans l’ensemble les études convergent pour attester l’efficacité du message politique véhiculé par les objets visuels, certaines rappellent, en contrepoint, que leur intelligibilité n’allait pas forcément de soi. En témoigne le cas, présenté par Colette Beaune, de l’adjonction de pancartes-épitaphes aux statues royales de l’abbaye Saint-Corneille à Compiègne. La richesse des articles vient justement du corpus des images ambivalentes, plurivoques, parfois en décalage avec leur texte-source, dont les contributeurs éclairent magistralement les effets de sens. [End Page 448]

Julia Drobinsky
Université Paris–Nanterre
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