Abstract

Résumé:

L’analyse de la réception des œuvres littéraires par les scientifiques est un champ encore émergeant de l’épistémocritique laquelle se concentre plutôt sur l’hybridation des savoirs. Pourtant, ce regard des savants sur la littérature permet de comprendre les dynamiques de pouvoir entre les différents champs du savoir. Dans un esprit novateur, cet article analyse donc les raisons pour lesquelles la pieuvre de Victor Hugo déclencha la colère du spécialiste des mollusques, Hippolyte Crosse, lequel publia dans le Journal de conchyliologie un virulent pamphlet contre la description de l’animal par le romancier.À partir de l’analyse du texte de Crosse, il s’agira de montrer que ce ne sont pas tant les inexactitudes zoologiques qui exaspérèrent le savant que le pouvoir descriptif hugolien qui met à mal le savoir taxonomique. La pieuvre, figure du pur devenir et d’une forme de connaissance en mouvement, s’oppose au savoir, fixe, et ce faisant sape les fondements du travail taxonomique. L’analyse du céphalopode dans son rapportàla science permet une compréhension plus fine de l’épistémologie hugolienne, complexifiant les analyses symboliques et sexualisées du monstre.

Abstract:

Analysis of the reception of literary works by scientists is still an emerging field of epistemo-criticism, and is largely concerned with the hybridization of knowledge. Yet a scientific perspective on literature can help us understand the dynamics of power between different fields of knowledge. This article takes an innovative approach to the question of why Victor Hugo’s octopus provoked an irate reaction on the part of mollusc specialist Hippolyte Crosse, who published a virulent pamphlet condemning Hugo’s depiction of the sea creature in the Journal de conchyliologie. In my reading of Crosse’s text, I will argue that it is not so much the zoological inaccuracies that exasperated the scientist, but rather the destabilization of taxonomic knowledge that results from Hugo’s powers of description. A metaphor for pure becoming and for a form of knowledge in motion, the octopus opposes static knowledge and consequently undermines the foundations of taxonomic work. This study into the relationship between the cephalopod and science increases our understanding of Hugo’s epistemology and adds nuance to a sexualized and symbolic analysis of the monster.

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