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  • François Cheng entre Orient et Occident par Véronique Brient
  • Li Yuan
François Cheng entre Orient et Occident. Par Véronique Brient. (Poétiques et esthétiques xxexxie siècles.) Paris: Honoré Champion, 2018. 376 pp.

Spécialiste de la littérature chinoise classique et contemporaine, Véronique Brient nous offre ici une version raccourcie de sa thèse de 600 pages (première thèse en France) sur la création littéraire de l’académicien François Cheng. Ayant l’ambition d’offrir une lecture ouverte des écrits de Cheng, Brient nous révèle tout d’abord les qualités esthétiques et poétiques de sa création qui puise aux ressources littéraires ainsi qu’à celles des autres arts pour construire un troisième espace et y entraîner une interrogation sur soi-même et sur autrui. Ce travail de Soi vers Autrui, nourri de la mémoire légendaire d’une Chine traditionnelle, est confronté sans cesse au passé culturel de l’Occident et se fait l’écho des penseurs néo-platoniciens tels que Plotin et Porphyre. L’auteur examine ensuite les particularités intellectuelles de Cheng, éveillé par la ‘vraie lumière’ (p. 184) issue de la voie du bouddhisme Chan et de la voie de l’orphisme, deux valeurs qui se complètent pour que l’homme se dépouille et dépasse les frontières spatiales et séculaires vers son ultime accomplissement dans l’éternité. L’omniprésence de la religion chrétienne est aussi incontestable au sein des œuvres de Cheng. Lire et s’imprégner de ses écrits nous orientent [End Page 482] vers une pureté transcendée, vers une quête en plénitude de la Vérité et de l’Absolu. La troisième partie de ce livre est consacrée à une recherche sur l’œuvre au sens absolu, d’abord sur le ‘péri-texte’ concernant ‘l’objet-livre’ qui vient au dernier moment de la création du poète (p. 251), puis sur le corps du livre, son format, la longueur des vers et la proportion des marges conduisant à une ‘parole espacée’ de Cheng (p. 252). Vient alors un regard d’ensemble sur l’œuvre du poète mettant en relief une caractéristique littéraire qui lui est propre: l’usage de la réitération d’œuvres identiques au sein de divers recueils. Cette spécificité de la ‘réitération’ met en valeur l’œuvre de l’auteur lui-même en même temps que d’autres textes, contemporains ou antérieurs, qui ont influencé littéralement ou globalement ses écrits. L’analyse de l’écriture de Cheng est un voyage au sein de son acte de création qui n’est ni renoncement à son identité, ni refus de l’altérité, mais une quête sans fin des fondements de l’existence vers une meilleure compréhension de soi, du monde et des autres, dans un désir de partage et de dialogue. Disons que, par son travail, Brient fait preuve d’une profonde compréhension de ce ‘maître-passeur’ à partir de son existence, de son acte d’écriture et de sa voie spirituelle. Toutes les critiques littéraires relèvent d’un dialogue: interroger, écouter, réfléchir, répondre, méditer. La méditation de Brient peut être aussi considérée, en effet, comme un dialogue entre elle et l’auteur lui-même, un auteur dont la tâche ne cesse de donner à sa création littéraire la puissance envoûtante d’une langue qui est à la charnière des deux cultures, mais qui essaie également d’établir un espace de communion où la multiplicité de l’être oriente finalement vers l’idée d’une éternité par-delà toute frontière.

Li Yuan
Université de Fudan
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