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Reviewed by:
  • Fictions of the Press in Nineteenth-Century France by Edmund Birch
  • Alexandre Burin
Fictions of the Press in Nineteenth-Century France. By Edmund Birch. (Palgrave Studies in Modern European Literature.) London: Palgrave Macmillan, 2018. 238 pp.

Dans la lignée des recherches de Marie-È ve Thérenty, Alain Vaillant et Guillaume Pinson en particulier, Edmund Birch dresse une histoire des représentations fictionnelles de la presse au dix-neuvième siècle. En prenant comme point de départ les réformes d’Émile de Girardin, il s’attache à analyser les transformations majeures du discours dans l’histoire des médias à travers ses représentations dans le roman. Plus particulièrement, l’auteur explore les façons par lesquelles le roman interprète le journal et le conçoit comme une force qui menace de reconfigurer la nature des rapports sociaux en s’appuyant sur trois auteurs, eux-mêmes incarnant trois moments du dix-neuvième siècle: Balzac, les frères Goncourt, et Maupassant. Le premier chapitre offre pourtant une vaste analyse de la presse et de son rapport au discours social de l’époque, qui permet de contextualiser et théoriser — notamment à partir des travaux de Pierre Bourdieu et Marc Angenot — l’objet de cette étude. Birch s’applique à dresser une histoire des représentations de la presse au dix-neuvième siècle en trois points: les relations roman–presse; l’idée de réflexivité/référentialité; et le nombre important de discours qui ont pour but de transformer la presse en une forme d’autorité. À l’époque, la presse est un laboratoire à partir duquel de nouvelles formes littéraires se développent; ce chevauchement de la presse et de la littérature forme bien un processus dynamique. Mais chez Balzac, les Goncourt et Maupassant, le discours de la presse est catégoriquement rejeté — perçu comme ‘a debased and corruptive influence on the social body’ (p. 18). L’auteur étudie par la suite les rapports entre journalisme et éducation dans Une fille d’È ve et Les Employés de Balzac. Il y révèle les stratégies de démystification à l’œuvre dans la représentation de la presse comme modèle d’éducation autant qu’appareil de distorsion. Balzac, selon Birch, apparaît ainsi comme ‘a critic of contemporary social discourses, his fiction exploring the legitimation of prevailing discourses as well as their limitations’ (pp. 62–63). Il aborde ensuite l’idée selon laquelle la presse pousse à la dissolution de la vie privée, notamment à travers Charles Demailly, roman souvent peu analysé des frères Goncourt. Dans ce texte, les Goncourt semblent s’engager contre la reconfiguration du champ littéraire dans les années 1830 (soit: l’invention du grand public) en dénonçant les pratiques de la petite presse qui permettent de brouiller les frontières intérieur–extérieur et donc privé–public. Mais Birch insiste sur la problématique d’une telle charge, qui provient de deux auteurs pratiquant eux-mêmes l’objet de leur dénonciation. Enfin, il choisit de terminer son excellente étude en se focalisant sur la corruption médiatique et la politique coloniale des années 1880 en prenant l’exemple de Maupassant, et plus particulièrement Bel-Ami. Le journal comme instrument de manipulation, selon l’auteur, produit ‘the sketching of a triangular relation between authority, ignorance and manipulation’ (p. 191). D’ailleurs, l’auteur montre bien que la manipulation — inhérente, donc, à la presse — est érigée comme principe social dans Bel-Ami. Au final, l’ouvrage de Birch constitue un précieux [End Page 472] apport à l’étude des formes médiatiques et de ses représentations dans le roman du dixneuvième siècle.

Alexandre Burin
Durham University
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