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  • Vie de bohème et petite presse du xixe siècle: sociabilité littéraire ou solidarité journalistique? ed. by Alain Vaillant and Yoan Vérilhac
  • Alexandre Burin
Vie de bohème et petite presse du xixe siècle: sociabilité littéraire ou solidarité journalistique? Sous la direction de Alain Vaillant et Yoan Vérilhac. (Orbis litterarum.) Nanterre: Presses universitaires de Paris Nanterre, 2018. 372 pp., ill.

Justement cité dans l’Introduction de cet ouvrage collectif, Guillaume Pinson affirme que ‘la rencontre fait le journal’ (‘Travail et sociabilité’, in La Civilisation du journal, dir. Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-È ve Thérenty et Alain Vaillant (Paris: Nouveau Monde, 2011), pp. 653–66 (p. 653)). Le contraire est tout aussi exact. Par là même, les articles réunis par Alain Vaillant et Yoan Vérilhac ont pour but d’étudier l’émergence de la bohème à partir de la relation matricielle qui l’unit à la petite presse littéraire et artistique du dix-neuvième siècle. Si la bohème est l’un des mythes les plus populaires de cette époque, il s’agit bien ici de revenir sur la réalité médiatique de sa construction. La vie sociale interfère avec la production de texte. Ainsi les formes de sociabilités sont [End Page 643] organisées autour de la production des supports médiatiques. La petite presse — qui traite essentiellement de l’actualité culturelle et les multiples aspects de la vie parisienne — devient alors le ‘principal laboratoire d’invention littéraire de l’époque’ (p. 11). Divisé en quatre parties chronologiques (grosso modo, de 1830 à 1914), le volume propose d’interroger cette logique collaborative. D’abord, Nathalie Preiss se concentre sur la sociabilité de la petite presse comme nostalgie d’une politique à refonder tandis que Valérie Stiénon montre le rôle du ‘rire charivarique’ (p. 61) comme force collective. Corinne Saminadayar-Perrin traite des rapports entre sociabilités de la ‘grande’ et de la ‘petite’ littérature et Anthony Glinoer et Vincent Laisney proposent une analyse de la Brasserie des Martyrs. La deuxième partie se base plutôt sur le travail d’écriture. Si Fanny Bérat-Esquier revient sur les écrivains-journalistes issus de la rédaction du Corsaire-Satan, c’est bien trois grandes figures de la petite presse qui composent l’essentiel de cette section: Alexandre Dumas (Sarah Mombert), Théophile Gautier (Martine Lavaud) et Charles Baudelaire (Vaillant). Les deux dernières parties examinent la petite presse de la Troisième République, avec dans un premier temps quatre articles sur les sociabilités fumistes à l’œuvre dans les jour-naux Lutèce (Jean-Didier Wagneur), Les Hydropathes et Le Chat noir (Caroline Crépiat et Denis Saint-Amand; Solenn Dupas) et journal de cabaret (Bénédicte Didier) vers une forme de régime autoscopique qui implique l’obligation de se mettre en scène et de se promouvoir. Puis, dans un deuxième temps, Philippe Leu et Julien Schuh réfléchissent à la transformation de la ‘petite presse’ vers ‘la petite revue’ (p. 289), respectivement à travers La Plume et la dissémination du Cercle de la Butte dans les revues décadentes et symbolistes. Enfin Vérilhac considère la reconfiguration de l’imaginaire des sociabilités littéraires et ‘la relation entre vie sociale, communication médiatique et création littéraire’ (p. 332), notamment à travers la question du rire. Il est important de rappeler qu’en parallèle à l’élaboration de cet excellent ouvrage collectif s’est créée une base de données bibliographiques consacrée à la petite presse (<http://petitepresse.medias19.org> [consulté le 5 juillet 2019]), indispensable pour tout chercheur en histoire culturelle et médiatique, mais aussi, de manière plus générale, quiconque s’intéresse aux formes de l’écriture et de la modernité au dix-neuvième siècle.

Alexandre Burin
Durham University
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