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  • Antivax: la résistance aux vaccins du xviiie siècle à nos jours par Françoise Salvadori and Laurent-Henri Vignaud
  • Edward Ousselin
Antivax: la résistance aux vaccins du xviiie siècle à nos jours. Par Françoise Salvadori et Laurent-Henri Vignaud. Paris: Vendémiaire, 2019. 351 pp.

Comment expliquer la résistance apparemment croissante aux vaccins de nos jours, alors que depuis plus d’un siècle les résultats positifs (éradication de la variole, quasi-élimination de la poliomyélite, etc.) des campagnes de vaccination à travers le monde sont spectaculaires? Ce que montre l’étude historique de Françoise Salvadori et Laurent-Henri [End Page 158] Vignaud, c’est qu’il s’agit moins d’une résurgence récente que de la continuation d’une tendance à long terme. La méfiance et parfois l’hostilité violente ont en effet accompagné la vaccination dès ses débuts. Même Louis Pasteur, aujourd’hui presque universellement considéré comme un bienfaiteur de l’humanité, a été en son temps accusé de n’être qu’un ‘avide spéculateur’ (p. 94), plus soucieux de ses intérêts financiers que de la santé de ses patients. Dans leur livre, Salvadori et Vignaud ne se contentent pas de dresser un tableau historique des mouvements d’opposition, souvent bien organisés, aux vaccins qui ont été développés depuis le dix-huitième siècle. Les auteurs catégorisent et analysent les différents types d’arguments, parfois d’origine ancienne et recyclés à notre époque, qui sont actuellement mobilisés dans la lutte anti-vaccinale: ‘Les reprises et variations d’arguments religieux et naturalistes, les discours pseudo-scientifiques et les versions actuelles du complotisme, souvent en lien avec des critiques virulentes visant les acteurs publics et privés de la santé, largement répercutés dans le contexte de la communication eu réseau’ (pp. 12–13). De temps à autre, ces débats apparemment sans fin ont eu le mérite de signaler ‘de vrais problèmes relatifs à l’usage des vaccins’ (p. 14), en particulier les cas où un vaccin a été administré de façon prématurée, avant que ses effets secondaires aient pu être pris en compte. Les auteurs rappellent à ce sujet qu’il ‘incombe aux autorités publiques, au corps médical et aux médias’ (p. 297) de faire preuve de transparence dans ce domaine, de ne pas cacher le fait qu’un traitement préventif, administré à un grand nombre de personnes bien portantes, peut dans des cas fort rares rendre malade certaines d’entre elles. La vaccination est donc en partie victime de son succès: ses multiples réussites peuvent être rapidement oubliées, avant d’être obscurcies par ses rarissimes échecs. En abordant un des sujets majeurs de la santé publique au niveau mondial, le livre de Salvadori et Vignaud dépasse largement le cadre de la France. Qu’il s’agisse d’arguments prétendument scientifiques dans des pays développés ou s’appuyant sur l’intégrisme religieux dans certains pays en voie de développement, le rejet largement irrationnel de la médecine préventive qui passe par des campagnes d’inoculation reflète de véritables enjeux culturels et politiques dont l’importance est relayée et magnifiée par les médias et les réseaux sociaux. Ce livre bien documenté aux conclusions nuancées pourra intéresser les chercheurs ainsi que le grand public. Mentionnons en passant l’ouvrage récent de Freddy Vinet, qui rappelle qu’une maladie réputée bénigne peut rapidement devenir virulente: La Grande Grippe: 1918, la pire épidémie du siècle (Paris: Vendémiaire, 2018).

Edward Ousselin
Western Washington University
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