In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Ausgestrahlt. Die mediale Debatte um „Tschernobyl" in der Bundesrepublik und in Frankreich 1986/87 by Katrin Jordan
  • Sebastian Grevsmühl
Katrin JORDAN, Ausgestrahlt. Die mediale Debatte um „Tschernobyl" in der Bundesrepublik und in Frankreich 1986/87, Göttingen, Wallstein Verlag, « Medien und Gesellschaftswandel im 20. Jahrhundert », 2018, 424 p.

En France, on connaît bien le célèbre mensonge selon lequel le fameux « nuage » chargé de particules radioactives provenant de la catastrophe nucléaire à Tchernobyl se serait arrêté à la frontière française. Dans Ausgestrahlt, l'historienne allemande Katrin Jordan s'efforce, dès le début de son ouvrage fort de plus de 400 pages, de décrire et d'analyser les dynamiques historiques qui ont permis d'instaurer, mais aussi de contester ce fameux mythe. Le livre, qui est tiré d'un manuscrit de thèse que l'auteure a soutenue à l'Université de Humboldt à Berlin en 2018, adopte surtout une approche historique qui analyse les contextes communicationnels et médiatiques de la catastrophe de Tchernobyl dans une perspective comparée entre la France et l'Allemagne en 1986 et 1987. Ainsi, le travail s'inscrit dans une tradition bien établie d'études comparées sur la catastrophe de Tchernobyl, où il faut surtout mentionner le travail pionnier d'Angela Liberatore9. L'ampleur du travail et les nombreux nouveaux éléments que Katrin Jordan apporte, notamment à travers de fines analyses du contexte médiatique allemand et français, ont récemment valu à l'auteure un prix pour jeunes chercheurs en histoire de la communication de la DGPuK (Deutsche Gesellschaft für Publizistik und Kommunikationswissenschaft).

Dans Ausgestrahlt, Katrin Jordan s'intéresse de près aux réponses très différentes apportées en France et en Allemagne au même événement historique, à savoir l'explosion dans la centrale nucléaire de Tchernobyl survenue en avril 1986, qui a conduit à la libération d'importantes quantités de particules radioactives dans l'atmosphère. Ainsi, l'auteure vise à déconstruire les nombreux clichés et stéréotypes avancés par les médias peu après l'accident, décrivant les Allemands comme « peuple romantique » et « fortement attaché à la nature », en les opposant notamment aux Français, qui seraient un peuple « rationnel » et « amoureux du progrès » (p. 11 et 309, toutes les traductions sont les miennes). En effet, pour de nombreux observateurs de l'époque, ce sont ces différences qui expliqueraient pratiquement en soi pourquoi les débats sont menés de manière si différente des deux côtés du Rhin, à savoir de manière « hystérique » en Allemagne, et de façon « indifférente » en France (p. 11 et 324).

En rejetant fermement ces explications de type « culturaliste », l'un des objectifs clés de l'étude consiste à analyser les processus de la construction publique de problèmes environnementaux transnationaux en lien avec des facteurs institutionnels en politique et en sciences. Les médias de masse y jouent, bien évidemment, aussi un rôle clé. Ainsi, l'une des thèses fortes de l'auteure consiste à dire que ce ne sont pas des différences en termes de « mentalités » (p. 16) qui peuvent expliquer les grandes divergences observées, mais ce sont surtout les médias et leur rôle spécifique de part et d'autre du Rhin qui permettent un nouvel éclairage. Pour ce faire, aux côtés d'une brève introduction et d'un chapitre conclusif, l'auteure propose quatre chapitres analytiques, de taille malheureusement assez inégale, qui traitent : 1) de la politique d'information (ou plutôt de non-information) de l'Union soviétique [End Page 190] à la suite de l'accident nucléaire de Tchernobyl ; 2) du rôle fondamental qu'ont joué les experts, l'expertise et la contre-expertise dans la construction des débats publics en France et en Allemagne ; 3) du traitement sensiblement différent de la catastrophe de Tchernobyl dans le paysage médiatique allemand et français ; enfin, 4) des perceptions mutuelles dans les débats médiatiques autour de Tchernobyl et Cattenom, et leur emprise sur les relations...

pdf

Share