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Reviewed by:
  • A Fur Trader on the Upper Missouri, The Journal and Description of Jean-Baptiste Truteau by Jean-Baptiste Truteau
  • Soazig Villerbu
Truteau, Jean-Baptiste – A Fur Trader on the Upper Missouri, The Journal and Description of Jean-Baptiste Truteau. Sous la direction de Raymond J. DeMallie, Douglas R. Parks et Robert Vézina; traduit par Mildred Mott Wedell, Raymond J. DeMallie, et Robert Vézina. Lincoln, University of Nebraska Press, 2017, 693 p.

Cela fait plus de deux siècles que Jean-Baptiste Truteau suscite l’attention, depuis que la relation de son voyage fait en 1794–1796 pour le compte des autorités espagnoles de Saint-Louis a circulé et été utilisée par Thomas Jefferson ou François-Marie Perrin du Lac. Au fil des trouvailles archivistiques et des éditions jusqu’à celle de 2006, la dernière en date avant celle-ci, tout ce qui restait de ses écrits avait fini par être connu (jusqu’à d’autres découvertes possibles), mais il manquait un travail de référence exhaustif et une biographie du personnage. Les deux arrivent presque simultanément et c’est une excellente nouvelle. Truteau fait en effet partie des « aventuriers » auquel Gilles Havard consacre un chapitre dans L’Amérique fantôme. Les aventuriers francophones du Nouveau Monde (2019).

Le volume proposé de DeMallie, Parks et Vézina se distingue par deux aspects fondamentaux : il présente en version bilingue les textes de Truteau, ce qui offre pour la première fois à un public anglophone l’ensemble du corpus; il en donne une excellente édition scientifique, dont il faut surtout retenir deux [End Page 422] éléments. C’est d’abord la longue introduction de Douglas R. Parks qui frappe par sa densité et l’intérêt de ses réflexions sur les versions disponibles, partielles ou entières, des deux productions de Truteau, son journal et sa « Description abrégée du Haut Missouris ». Des archives nationales de Washington aux archives des Indes de Séville, du Séminaire de Québec aux papiers Boilvin et Nicollet en passant par les diverses revues qui ont publié l’œuvre en morceaux, l’histoire est fascinante et ouvrirait des pistes à un travail plus général consacré à la circulation et à l’usage des écrits des coureurs des bois, trappeurs et explorateurs de l’Ouest transmississippien. C’est ensuite le remarquable travail de Robert Vézina qui attire l’attention du lecteur : une étude de 100 pages sur « la langue de Truteau » accompagnée de 70 pages d’un « glossaire du français des voyageurs ». L’ensemble est unique. Il constitue d’ores et déjà une somme à laquelle devra se référer tout chercheur se penchant sur l’évolution du français en Amérique ou sur l’histoire sociale et culturelle que la langue recouvre. C’est un monde dans sa quotidienneté langagière qui s’y dévoile et révèle sa fascinante nature plurielle et croisée.

Entre l’introduction et le texte très érudit de Vézina, la transcription pose toutefois des problèmes. En fait le même texte a déjà été publié par Fernand Grenier et Nilma Saint-Gelais en 2006 sur des principes apparemment similaires : la version de base est le manuscrit du Séminaire de Québec et le texte est complété par les autres versions existantes. Parks commente d’ailleurs très peu cette édition de 2006 (Jean-Baptiste Trudeau, Voyage sur le Haut-Missouri, 1794–1796, texte établi et annoté par Fernand Grenier et Nilma Saint-Gelais, Québec, Septentrion) et laisse l’impression que l’apport du livre recensé ici réside surtout dans la traduction et l’appareil critique. Il est dès lors curieux que tant de différences surgissent entre les deux ouvrages. Prenons deux brefs exemples. Le premier se rapporte à la journée du 31 juillet 1794. Pour Grenier et Saint-Gelais, Truteau écrit avoir découvert un campement de la nation Otvatatas (dans le manuscrit de Québec et seulement lui) ou Otocatas (dans les autres versions). Pour DeMallie et ses collègues, le manuscrit de Québec utilise le...

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