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  • Reconnaissance et exclusion des peuples autochtones au Québec. Du Traité d’alliance de 1603 à nos jours by Camil Girard, Carl Brisson
  • Justin Richard Dubé
Girard, Camil et Carl BrissonReconnaissance et exclusion des peuples autochtones au Québec. Du Traité d’alliance de 1603 à nos jours, Presses de l’Université Laval, 2018, 265 p.

L’enjeu de la reconnaissance des peuples autochtones est présentement un sujet chaud au Canada. Dans Reconnaissance et exclusion des peuples autochtones au Québec, l’historien Camil Girard et le géographe Carl Brisson retracent l’histoire du statut politique et juridique des notions de « territoires » et de « peuples » autochtones au Québec. Pour eux, les Européens ont d’abord formellement reconnu la souveraineté des peuples autochtones. Toutefois, au XIXe siècle, cette approche aurait été abandonnée par les autorités au profit d’une politique discriminatoire et spoliatrice. Enfin, dans les années 1980, l’État québécois légitima les revendications nationales des Autochtones. Cet ouvrage s’inscrit dans la continuité d’un autre livre de Girard et Brisson, NistassinanNotre [End Page 390] terre. Alliance et souveraineté partagée du peuple innu au Québec. Des premiers contacts à nos jours (Presses de l’Université Laval, 2014, 196 p.). Les deux auteurs y tiennent la même thèse sur une alliance initiale « entre nations » aux XVIIe–XVIIIe siècles, puis sur l’exclusion des Autochtones et la fragmentation de leurs territoires aux XIXe–XXe siècles.

L’ouvrage assume pleinement son ancrage juridique et politique, les auteurs affirmant d’emblée qu’ils souhaitent présenter un argumentaire historique susceptible de renforcer la légitimité des revendications de l’Alliance autochtone du Québec (AAQ) face gouvernement du Québec et au ministère des Affaires autochtones et du Nord Canada. Notons au passage que l’AAQ représente les Autochtones vivant hors réserves, soit environ 12 % de la population autochtone de la province. Elle se distingue en cela de l’Association des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL), regroupement de chefs élus par les bandes reconnues par la Couronne.

Globalement, l’ouvrage est une synthèse de l’évolution des politiques indiennes menées par les autorités occidentales successives. La trame respecte assez fidèlement la vision dominante dans l’historiographie des dernières décennies. Néanmoins, l’ouvrage se démarque par une perspective juridicohistorique qui s’inscrit dans la volonté de l’AAQ de faire reconnaître les droits ancestraux des « Indiens hors réserves » sur le territoire québécois.

Dans le chapitre 1, Girard et Brisson soutiennent que le roi Henri IV aurait reconnu la légitimité des peuples autochtones dans la vallée du Saint-Laurent en raison de considérations d’ordre stratégique et commercial. Ainsi, aucune cession de souveraineté territoriale n’était en jeu dans les traités d’alliance franco-amérindiens. Seuls les postes de traite, les forts et les seigneuries pouvaient réellement être considérés comme d’authentiques possessions françaises. Les revendications actuelles de l’AAQ se basent sur ces premières ententes « entre nations distinctes ».

Dans le second chapitre, les auteurs décrivent comment la politique indienne du régime anglais s’inscrit d’abord en continuité avec celle des Français. Cependant, au XIXe siècle, la Couronne changea d’approche et se mit à considérer les Autochtones comme des pupilles à civiliser. La colonisation européenne, la construction d’un État-nation canadien et l’expansion du capitalisme jouèrent en défaveur des peuples autochtones, vus désormais comme des obstacles à repousser ou à assimiler. Le livre dénonce la création du statut d’« Indien » et la politique discriminatoire du gouvernement. Il décrit aussi la séparation de l’autorité de la Couronne entre le palier fédéral, qui gère les réserves, et les provinces, de qui relèvent les terres où vivent les « Indiens hors réserves ».

Au chapitre 3 est présentée l’expansion du Québec vers le nord au tournant du XXe siècle...

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