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  • Philosophie de la folie (1860). Réflexions biographiques d’un mélancolique sur la folie et son traitement moral par James Frame
  • Benjamin Theodore Levy
Philosophie de la folie (1860). Réflexions biographiques d’un mélancolique sur la folie et son traitement moral
James Frame, présenté et traduit par Marie-Hélène Brunel, Fanny Hercouët, Chantal Tanguy et David Allen
Paris : EPEL, 2018, 176 p., 23 €

La traduction de la Philosophie de la folie de James Frame (1803– 1876) par un collectif de chercheurs passionnés, sous l’égide des éditions EPEL, rend accessible au lecteur francophone un classique de la psychiatrie anglo-saxonne.

Publié pour la première fois sous un nom d’emprunt en 1860, ce texte aux multiples facettes fut rédigé suite à l’hospitalisation de son auteur au Glasgow Royal Asylum for Lunatics at Gartnavel, institution qui hébergeait à l’époque environ 500 patients (p. 150). Du fait de ses visées plurielles, le propos de Frame se prête à plusieurs types de lectures et d’interprétations : il s’agit à la fois d’un message adressé à ses contemporains, d’un essai d’auto-observation, d’une théorie de la folie et d’une tentative de décrire le fonctionnement optimal des institutions asilaires. Chemin faisant, Frame nous propose un aperçu de plusieurs aspects historiques de la psychiatrie britannique au mitan du XIXe siècle.

Comme on le souligne dans l’introduction (p. 20), le titre original de cet ouvrage, The Philosophy of Insanity, est peut-être un clin d’œil à la Philosophie de la folie publiée à Chambéry en 1791 par le Dr Joseph Daquin, précurseur de l’aliénisme français. Il faut saluer le travail effectué par les traducteurs dans l’introduction, qui ont retrouvé [End Page 508] dans les archives du Glasgow Royal Asylum le dossier médical de Frame rempli par les médecins lors de ses deux admissions en 1843 et 1856. La première fois, Frame avait déclaré « qu’un démon lui avait ordonné de détruire sa femme » (p. 14) et il s’était rendu de lui-même à la police. Treize ans plus tard, il avait mentionné comme cause de sa deuxième hospitalisation un « penchant à détruire ses enfants » qu’il était parvenu à surmonter.

Le traité proprement dit est dédicacé au Dr Alexander Mackintosh, surintendant de l’asile de Gartnavel, « en signe de gratitude pour ses soins » (p. 21). La préface et la conclusion de Frame se répondent : dans la première, il témoigne du sentiment d’avoir dû rédiger son texte « dans l’intérêt des autres » (p. 23), un peu comme une balise qui donne espoir aux désespérés et confère un sens à leurs souffrances. Un tel propos est complété dans la conclusion par un plaidoyer de Frame en faveur de l’humanité commune aux aliénés et à ceux qui pourraient se croire différents d’eux. « Il y a toujours un rivet mal fixé dans l’armure de l’homme le plus confiant et le plus assuré », assure l’auteur (p. 151), après quoi il présente une liste de célébrités qui furent atteintes d’une maladie mentale (p. 152–153), comme pour mieux inclure la folie au cœur de la culture.

Entre ces deux extrêmes, parsemés de nombreuses considérations autobiographiques, dix chapitres abordent des thèmes très variés. Les trois premiers interrogent la nature du délire et de la folie, que l’auteur décrit comme la conséquence d’une conjonction de causes mentales et physiques (p. 25), tout en notant plus loin qu’il y a « autant de genres différents et de degrés de maladie que de malades » (p. 35). Frame témoigne de sa propre expérience de la rémission, répétée lors de ses deux crises en 1843 et 1856. Soulignant que les asiles « ne sont pas nécessairement des endroits aussi terrifiants qu’on le suppose » (p. 33) et compte tenu de l’absence d...

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