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Reviewed by:
  • Cahiers Robinson
  • Suzanne Pouliot
Cahiers Robinson. "Bible et littérature de jeunesse."no. 44, 2018. ISBN 9782848323237. 252 p.

Dans ce numéro consacré à la place occupée par la Bible dans la littérature de jeunesse, sous la direction de Béatrice Ferrier, dix-huit auteurs abordent, sous divers angles, les représentations bibliques dans la production littéraire destinée à la jeunesse. Dans son article introductif, Béatrice Ferrier identifie les enjeux de la réception du dix-huitième au vingt et unième siècle (7–22). Pour son propos, l'auteure s'appuie sur de récentes recherches réalisées de 2010 à 2016 qui expliquent l'intérêt porté par la revue à ce sujet d'étude qui constitue un nouveau champ de recherche. À cette fin, Ferrier mentionne, en se référant aux travaux d'Olivier Millet, que les mythes issus de la Bible relèvent d'une tradition écrite à l'instar des mythes grécoromains avec lesquels ils partagent "cet héritage culturel savant" (8). Après avoir effectué une rapide contextualisation théorique du propos traité, l'auteure émet [End Page 237]l'hypothèse selon laquelle la littérature constituerait un filtre efficace pour aborder, en classe, le texte biblique saisi comme un texte patrimonial, mettant ainsi en lumière sa dimension culturelle (8). Au fil des époques, Ferrier constate que les liens entre littérature pour la jeunesse et présence biblique ont varié en raison, principalement, de la conception que l'on se faisait de la littérature pour les jeunes, évoluant ainsi d'une littérature moraliste à une littérature ludique et laïque (12). À l'époque contemporaine, étonnamment, la littérature puise abondamment dans l'imaginaire fantastique comme en témoignent de nombreux romans américains (21).

Pour sa part, Josiane Guitard-Morel s'intéresse aux "Insertions bibliques et enjeux éducatifs dans les Contes morauxde Stéphanie de Genlis" (23–32). À la suite de Sainte-Beuve, elle constate que les Contesdéveloppent des histoires universelles où priment les actions vertueuses et édifiantes, susceptibles de servir d'exemples pour les jeunes (24), puisque les notions de bien et de mal constituent un héritage biblique dans les Contes, nourris à même les commandements de sagesse donnés par la Genèse (26), en plus d'exploiter les valeurs des Écritures dans une forme renouvelée. Contrairement à de nombreux penseurs des Lumières (Rousseau), Madame de Genlis estime que seule l'éducation constitue la bonté (32). Dominique Peyrache-Leborgne, qui s'intéresse aux Gais-lurons et aux femmes pieuses des légendes et contes christianisés des frères Grimm (33–48), constate que les contes romantiques constituent de bons révélateurs de la dimension religieuse qui les imprègne (33). Pour son propos, elle interroge les effets de superposition au sein des textes tels qu'ils ont été collectés, puis remaniés et adaptés à l'époque contemporaine (34). Par ailleurs, si, à l'origine, de nombreux contes aux ressorts surnaturels étaient païens, ils finissent par revêtir une dimension religieuse associée fréquemment aux femmes et aux enfants, en mettant en lumière une morale chrétienne édifiante. Ainsi, la sainte femme effectue un parcours où la souffrance est une vertu en soi dont la fonction semble être d'expier toutes les fautes humaines. Chez les Grimm, le mal absolu et démoniaque est très féminisé. Hommes et femmes doivent affronter plus souvent des sorcières et des marâtres que des hommes monstrueux (37). Cela crée un double standard implicite qui disculpe les hommes et condamne les femmes (47), tout en s'inscrivant dans la morale sociale des sociétés patriarcales (48).

Dans son article, Guillemette Tison se consacre à "L'Apologétique à hauteur d'enfant: La Comtesse de Ségur" (49–59). En écrivant une Bible d'une grand-mère, la comtesse a comme projet pédagogique de se mettre à la hauteur de son auditoire enfantin, tout en lui faisant partager un certain nombre de valeurs (49–50). La Comtesse, précise l'auteure de l'article, fait œuvre originale en...

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