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Reviewed by:
  • Scoring Race: Jazz, Fiction, and Francophone Africa by Pim Higginson
  • Eric Essono Tsimi and Edgard Sankara
Higginson, Pim. Scoring Race: Jazz, Fiction, and Francophone Africa. New York, James Currey, 2017. ISBN 9781847011558. 256 p.

Contribution majeure aux études culturelles africaines, Scoring Race s'articule autour d'une introduction et de quatre chapitres fécondés par deux concepts d'inspiration musicologique: racial score et jazz shibboleth. Pim Higginson, comparatiste et l'un des meilleurs spécialistes de littérature francophone est professeur à l'université du Nouveau Mexique, Albuquerque. Il définit le jazz shibboleth comme un pacte racial: "a secret agreement by which the terms of jazz's orthodoxy, its boundaries, are determined, always in a manner in which race—its importance as a central condition for the music's authenticity—plays a central role" (35).2 Pour des raisons historiques que l'auteur détaille, c'est en France métropolitaine que s'enracinent ses [End Page 216] principaux développements sur la partition raciale,3 comme l'indiquent tout ensemble, et prima facie, le titre de l'introduction ("Scoring Race: Music, Writing, and Difference in a French Context") et le corpus du premier chapitre qui est résumé au troisième paragraphe.

Dans son introduction (1–50), Higginson aborde les relations du jazz avec la négritude et les mouvements panafricanistes. Même s'il n'analyse pas directement leurs conséquences, il n'en cite pas moins, dans son excellent inventaire des ouvrages qui leur sont consacrés, plusieurs études importantes, notamment les travaux de Jeremy Lane (cité dans les remerciements) sur la réception du jazz par les intellectuels noirs durant l'entre-deux guerres, et ceux de Matthew Jordan (2010) ou encore Jeffrey Jackson (2003). L'auteur reproche à Paul Gilroy la disparition de l'Afrique subsaharienne du paradigme de l'Atlantique Noir,4 ce qui n'est pas en soi très original: la jeune professeure assistante d'histoire, Christina Mobley, abonde dans le même sens dans ses séminaires d'histoire à l'Université de Virginie, et Christine Chivallon a relevé cette absence il y a une décennie déjà. La chose importante chez Gilroy que retient Higginson est le lien auquel l'auteur de The Black Atlantic: Modernity and Double Consciousness a réfléchi, le lien entre musique, race et écriture (3): "music can be used to challenge the privileged conceptions of both language and writing as preeminent expressions of human consciousness" (Gilroy 74).5 Higginson reconstitue par la suite la genèse ("philosophical genealogy") de la partition raciale, en estimant que la pensée occidentale, de Platon aux intellectuels du dix-neuvième siècle, a conçu la musique comme constitutive de la différence (raciale). Les théoriciens dont les thèses les plus racistes sont généreusement convoquées sont Gobineau, de sinistre mémoire, cité en français et en anglais, mais aussi Robert Dreyfus, son fervent commentateur.

C'est ce constat d'une sédimentation deux fois millénaire d'une pensée mettant en relation musique et écriture qui s'est consolidée dans les théories de la race, au point de produire en France une partition que les écrivains français n'ont fait que remplir, c'est donc ce constat qui est expliqué dans "Jazz Fictions and the French Novel: Four cases" (51–96), intitulé du premier chapitre. Du Nègre de Philippe Soupault au Black Note de Tanguy Viel, en passant par l'incontournable L'Écume des jours de Boris Vian, Higginson montre l'expulsion des personnages blancs des univers musicaux créés par ces mêmes Blancs. Le deuxième chapitre est "Querying Jazz: Early Francophone African Engagements with the Racial Score" (97–146). Des Mirages de Paris d'Ousmane Socé au désenchantement de Mongo Beti dans Trop de soleil tue l'amour, l'on oscille entre utopie et mort du jazz. Au [End Page 217] troisième chapitre "Challenging the Score: Francophone African Reconfigurations of Jazz Today" (147–84), l'auteur intègre la question du genre comme composante essentielle de la partition raciale (180–82). Il s'intéresse aux auteurs les plus...

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