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  • Les Italiens à Bône (1865-1940). Migrations méditerranéennes et colonisation de peuplement en Algérie par Hugo Vermeren
  • Samuel André-Bercovici
Hugo VERMEREN, Les Italiens à Bône (1865-1940). Migrations méditerranéennes et colonisation de peuplement en Algérie, Rome, École française de Rome, 2017, 628 p. Préface de Marie-Claude Blanc-Chaléard.

Issu de la thèse soutenue en 2015 par l'auteur, cet ouvrage s'insère utilement dans le courant contemporain de recherche sur l'Algérie coloniale en se penchant sur les destins des immigrés italiens installés dans le port de Bône, l'actuelle Annaba, sur le littoral est de l'Algérie. Embrassant une large période, du milieu du XIXe siècle jusqu'à l'éclatement du second conflit mondial, Hugo Vermeren met en exergue à la fois les dynamiques successives de l'immigration italienne, les évolutions des politiques suivies par les autorités françaises et l'insertion de cette population dans une ville transformée au gré de plus d'un siècle de domination coloniale. Ainsi, ce travail monographique permet d'approcher une population d'immigrés européens dans l'Algérie coloniale qui, pour importante qu'elle fût, en particulier à Bône, a souvent été éclipsée dans les travaux d'histoire par son pendant ibérique, plus nombreuse mais concentrée surtout de l'Oranais à l'Algérois 33. Hugo Vermeren offre donc une ouverture pour approcher ces immigrés, devenus ensuite pour certains des « néos », par les naturalisations et la loi de 1889, et accomplit un rééquilibrage en portant le regard sur l'ouest algérien.

L'étude de ces parcours transméditerranéens est rendue possible par un large effort de collecte en archives, à parts égales entre les fonds conservés en Italie, en France et en Algérie, et ce sans se limiter aux fonds ministériels, mais en descendant jusqu'aux archives locales et aux dossiers individuels de naturalisation.

Les premiers chapitres de l'ouvrage, en se consacrant aux installations précoces d'immigrés italiens, mettent en avant des logiques propres à un espace jusqu'ici méconnu, baptisé « Méditerranée du corail » (p. 23) par Hugo Vermeren. L'étude des circulations dans cet ensemble qui va, à peu près, de la Ligurie aux côtes algériennes et tunisiennes, en englobant la Sardaigne, la Sicile et le littoral campanien, présente l'intérêt d'analyser les premières installations à Bône non pas comme découlant de la conquête, mais comme une poursuite de l'exploitation du corail, activité préexistante à la colonisation. Le travail de l'auteur met en valeur les échanges entre des ports italiens, tel Torre del Greco, où cette tradition de la pêche du corail existait, et le littoral algérien. Il replace la prise de contrôle française sur Bône dans une trame de transformations, petit à petit, des pratiques de ces pêcheurs, passant d'une pêche saisonnière à une installation plus durable en Algérie, renouant par là même les fils de l'histoire de cet espace en enjambant la conquête française habituellement érigée en rupture.

C'est avec une acuité similaire qu'Hugo Vermeren aborde ensuite l'installation des immigrés italiens à Bône et leur participation à la construction de la société urbaine coloniale de la fin du XIXe au début du XXe siècle. Grâce à un minutieux travail, concrétisé par la réalisation d'une base de données d'individus, il parvient à [End Page 136] redessiner des parcours individuels, d'Italie jusqu'à Bône, qui permettent d'appréhender à la fois l'histoire de cette immigration et l'histoire urbaine bônoise, montrant ainsi comment cette ville se bâtit avec cette population nouvelle.

Si l'approche d'Hugo Vermeren embrasse les évolutions du droit français sur l'immigration et les naturalisations, à commencer par la fameuse loi de 1889 34, il les complète par cette étude de cas individuels, offrant ainsi l'occasion d'étudier les pratiques administratives en la matière. L'étude...

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