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  • Une histoire des instituts universitaires de technologie (IUT) by Pierre BENOIST
  • Sophie Orange
Pierre BENOIST, Une histoire des instituts universitaires de technologie (IUT), Paris, Classiques Garnier, « Histoire des techniques », 2016, 208 p.

L’ouvrage propose une histoire des instituts universitaires de technologie (IUT), depuis leur création par le décret du 7 janvier 1966 jusqu’à leur situation actuelle. L’auteur dispose d’un corpus d’une grande richesse, constitué principalement des archives de l’administration centrale, des rapports de la Cour des comptes et de l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche, des archives orales du service d’histoire de l’éducation de l’ancien Institut national de recherche pédagogique (INRP) et de cinquante entretiens menés avec des acteurs et des témoins.

Au moment du cinquantième anniversaire de l’histoire de ces établissements, l’ouvrage de Pierre Benoist vient combler un manque dans la recherche sur l’enseignement technique. La singularité de ces formations universitaires, entre enseignement technique et enseignement supérieur, explique sans doute en partie le manque d’attention que leur ont porté les publications scientifiques.

La première partie, « L’invention des IUT », est consacrée à la conception de cette forme scolaire nouvelle qui émerge dans les années 1960. Alors que l’innovation pédagogique est instituée à l’heure actuelle en véritable paradigme pour l’enseignement supérieur, il est intéressant de constater qu’il y a un demi-siècle, la question pédagogique était déjà centrale dans la réflexion sur les enseignements post-baccalauréat. La conception des IUT, dont la paternité revient à Pierre Laurent (secrétaire-général du ministère de l’Éducation nationale), Pierre Aigrain (directeur de l’Enseignement supérieur) et Michel-Yves Bernard (professeur, docteur en sciences physiques), s’inscrit donc dans une volonté de rompre avec le modèle universitaire existant, considéré comme inadapté pour l’accueil de « jeunes qui avaient d’autres projets que celui de devenir professeur de lycée » (p. 55). Coupler les enseignements abstraits et concrets, faire une place à l’enseignement technique à l’université, introduire la professionnalisation dans les cursus, poser la question de la sélection et envisager l’orientation obligatoire sont autant de principes qui ont présidé à la création de ces formations. Dans un contexte d’explosion des flux universitaires et d’une demande de cadres intermédiaires qualifiés de la part du secteur économique, l’élaboration des IUT a été un véritable « laboratoire de structures pédagogiques », pour reprendre les termes de Pierre Aigrain (p. 66). Inspiré notamment des Community colleges américains et d’autres enseignements courts professionnalisants post-baccalauréat développés dans le cadre de l’OCDE à la même époque, le modèle des IUT se veut à la croisée de l’enseignement secondaire, de l’enseignement supérieur et du monde économique. [End Page 117]

La deuxième partie de l’ouvrage retrace « les principales époques de la vie des IUT » jusqu’à aujourd’hui. Après une courte période de croissance, les effectifs stagnent jusqu’en 1985. Il semble que la demande scolaire à l’égard de ce type de formation ait été surestimée. Ensuite, la concurrence avec les sections de techniciens supérieurs (STS), de création plus ancienne (1959) et avec lesquels ils partagent de nombreuses caractéristiques (durée, niveau de qualification visé, dimension professionnalisante des enseignements, etc.), freine les ouvertures d’IUT dans certaines régions. Enfin, alors que le problème de désencombrement des filières universitaires n’a pas été résolu, la crise économique qui suit le choc pétrolier de 1973 pose la question de l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur et, plus généralement, du chômage des jeunes.

Progressivement, un certain nombre de critiques s’expriment à l’égard de ces nouvelles formations. Jean Capelle, ancien directeur de l’Organisation et des programmes scolaires, engage une charge en 1974, dans son livre Éducation et politique, usant même du terme de « déconvenue » à leur égard (p. 108), considérant que...

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