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  • L’inspection générale de l’enseignement technique, 1806–1980 by Guy CAPLAT
  • Stéphane Lembré
Guy CAPLAT, L’inspection générale de l’enseignement technique, 1806–1980, Paris, L’Harmattan, « Histoire et mémoire de la formation », 2016, 4 vol.

Avec ces quatre volumes et ces quelque 1 200 pages, Guy Caplat propose le fruit d’années de recherches complémentaires à ses travaux précédents sur l’inspection générale de l’Instruction publique. On ne disposait jusqu’à présent d’aucun travail d’ensemble sur les inspecteurs généraux de l’enseignement technique (IGET), dont le rôle dans l’institutionnalisation de cet ordre d’enseignement fut important, du début du XIXe siècle jusqu’à la fin des années 1950, moment de la pleine intégration dans le système éducatif et de la fusion progressive de ce corps dans celui des inspecteurs généraux de l’Éducation nationale.

En recourant à de multiples fonds d’archives et à la collecte minutieuse de la moindre information, Guy Caplat retrace l’histoire de ce corps (tomes 1 et 2) et livre une moisson documentaire abondante, sous la forme de notices biographiques détaillées (tome 3) et d’un recueil de textes officiels, de tableaux chronologiques et de témoignages (tome 4). Plus largement, le lecteur est convié à une véritable histoire de l’administration de l’enseignement technique, dans la perspective de celle de l’administration de l’enseignement que l’auteur esquissait déjà au milieu des années 1980.

Le corps des IGET apparaît quatre ans après celui de l’Instruction publique, dans des circonstances assez différentes dont l’auteur propose une analyse fouillée. La fonction n’est d’abord exercée que par un homme, le duc de La Rochefoucauld-Liancourt, créateur dans les années 1780 d’une école qui devient, après la Révolution, la première école des arts et métiers. Guy Caplat reconstitue en détail, et non sans une certaine admiration, le parcours de ce libéral attaché à l’instruction des ouvriers, dont l’initiative est plusieurs fois menacée et transformée pendant la Révolution française. La fonction d’inspection, créée pour les écoles d’arts et métiers (celle de Compiègne, installée à Châlons en 1806, puis celle d’Angers ouverte en 1815), lui est si liée qu’elle disparaît avec sa disgrâce puis sa mort, pour être rétablie progressivement à partir de 1848. Le titre d’inspecteur général existe par ailleurs avant l’institutionnalisation de l’enseignement technique en France, ce qui n’est pas la moindre des originalités. À partir de 1905, la fonction d’inspection générale, jusque-là assumée sous des titres variables par une seule personne, est démultipliée. C’est le signe d’un essor de l’enseignement technique, l’inspection générale n’étant plus cantonnée aux écoles d’arts et métiers, tout autant que d’une affirmation du contrôle de l’administration dans ce domaine et d’une organisation nouvelle de ce contrôle. Bien qu’elles soient toujours minoritaires, des femmes sont dès cette époque nommées IGET pour encadrer l’enseignement technique féminin. Les IGET, fonctionnaires, côtoient alors les inspecteurs régionaux et départementaux, commerçants ou industriels engagés à titre bénévole dans le soutien à cet enseignement. Leurs missions sont nombreuses : à l’inspection proprement dite des établissements s’ajoutent la contribution à la rédaction des programmes, les relations avec [End Page 115] les milieux économiques, la participation aux jurys – notamment ceux du certificat d’aptitude professionnelle, le CAP, né en 1911, qui prend son essor après la guerre –, la représentation officielle de l’administration dans de multiples cérémonies ou encore le conseil auprès des sous-secrétaires d’État à l’Enseignement technique qui apparaissent après la Première Guerre mondiale.

L’importance de la césure de 1920, à la suite de la loi Astier du 25 juillet 1919 et du rattachement de...

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