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Reviewed by:
  • Republicanos y socialistas. El nacimiento de la acción política municipal en Madrid (1891–1909) by Santiago DE MIGUEL SALANOVA
  • Jeanne Moisand
Santiago DE MIGUEL SALANOVA, Republicanos y socialistas. El nacimiento de la acción política municipal en Madrid (1891–1909), Madrid, Los Libros de la Catarata, 2017, 175 p.

Santiago de Miguel Salanova est l’auteur d’une thèse récente sur la modernisation de Madrid entre 1860 et 1931, soutenue à l’Université Complutense de Madrid. Il publie ici une partie de son enquête doctorale dans un livre court et dense, primé par l’Asociación de Historia Social espagnole. Il y analyse l’activité des républicains et des socialistes en faveur du renouvellement des politiques municipales à Madrid entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Inscrite à la croisée de l’histoire politique, de l’histoire urbaine et de l’histoire sociale de l’Espagne contemporaine, la recherche s’appuie essentiellement sur les archives municipales de Madrid, tout en utilisant les archives régionales sur les hospices, la presse madrilène et certains fonds du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Sont étudiées les campagnes électorales menées par les républicains et par les socialistes pour conquérir la municipalité madrilène à partir de 1891, puis l’activité de trois conseillers socialistes qui entrent enfin dans la municipalité en 1905.

La période étudiée précède en fait la conquête de la municipalité madrilène par les partis dits « non dynastiques»–c’est-à-dire marginalisés par la Monarchie bourbonienne alors en place : à droite, les carlistes ; à gauche, les républicains et les socialistes. En 1909, une coalition de socialistes et de républicains obtient la majorité au conseil municipal de Madrid ; elle reste presque continûment au pouvoir par la suite, jusqu’au coup d’État de Primo de Rivera (1923). Santiago de Miguel étudie ici la mise en place d’une Madrid antidynastique juste avant que les institutions municipales ne passent majoritairement à l’opposition au régime. L’ancrage précoce de l’analyse se justifie selon lui : la politique municipale menée par les républicains et par les socialistes après 1909 déploie en fait le programme élaboré au début du siècle au sein de la minorité municipale.

Le premier chapitre montre l’écho en Espagne des débats français sur le « socialisme municipal » (p. 32), décisifs selon l’auteur pour expliquer l’adhésion au municipalisme d’un Pablo Iglesias, le fondateur du PSOE en 1879. La municipalité constituerait à la fois le lieu idéal d’apprentissage de la politique par les milieux populaires et une échelle efficace pour défendre leurs intérêts matériels. Il faudrait toutefois rappeler aussi l’attachement à l’autonomie municipale des républicains fédéralistes, adeptes d’une République sociale pour laquelle ils ont pris les armes dans de nombreuses localités du pays au cours de la Première République espagnole (1873–1874). Confondus au sein d’un même courant et volontiers insurrection-nalistes avant la Restauration, socialistes et républicains se différencient davantage après 1875 (même si les Républicains de base restent pour la plupart adeptes de « la Sociale ») et renoncent peu à peu à l’insurrection. La conquête du pouvoir par la voie électorale présente cependant bien des obstacles : certes, les libertés politiques ont été rétablies en Espagne en 1881, la liberté d’association en 1887 et le suffrage universel masculin en 1890 ; mais les deux grands partis dits dynastiques (conservateurs et libéraux) alternent au pouvoir en pratiquant la fraude électorale. Santiago de Miguel documente les campagnes électorales menées à Madrid en 1891, en 1901 [End Page 137] et en 1905 par les républicains et par les socialistes pour mettre fin à ce système (chap. 1) : dans la capitale, où résident environ 500 000 habitants, ils parviennent de mieux en mieux à mobiliser leurs bases populaires pour aller voter et contrôler les opérations électorales ; ils peuvent aussi compter sur l’écho de leurs discours dans la presse...

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