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  • Agrandir Paris, 1860–1970 by Florence BOURILLON, Annie FOURCAUT
  • Sabine Effosse
Florence BOURILLON et Annie FOURCAUT (dir.), Agrandir Paris, 1860–1970, Paris, Publications de la Sorbonne-Comité d’histoire de la Ville de Paris, 2012, 433 p.

Coordonné par Florence Bourillon et Annie Fourcaut, cet ouvrage est la publication des actes d’un colloque qui s’est tenu en 2010 dans le cadre des commémorations, organisées par la Mairie de Paris, du 150e anniversaire des limites actuelles de la ville. La loi du 16 juin 1859, en vigueur au 1er janvier 1860, marque en effet l’annexion de onze communes comprises entre le mur des fermiers généraux et l’enceinte édifiée par Thiers (Auteuil, Passy, Les Batignolles, Montmartre, La Chapelle, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Vaugirard et Grenelle). Paris voit sa superficie doubler, sa population passer de 1 à 1,7 million d’habitants et la création de huit nouveaux arrondissements. Pour autant, même si le lecteur aurait pu s’attendre à une analyse sur un siècle et demi, la période chronologique traitée, qui a bien pour point de départ l’annexion, avec une incursion dans les années 1840 et les premiers débats sur la construction des fortifications, s’arrête aux années 1970. Le choix des directrices d’ouvrage est, en effet, non pas de comparer l’annexion de 1860 et la question du Grand Paris, mais de « mettre un terme à l’amnésie sur l’origine de l’agrandissement de la capitale » (p. 9).

Composé de 24 articles rédigés par des chercheurs français et étrangers de différentes disciplines (architectes, archivistes, cartographes, historiens, géographes et sociologues), l’ouvrage est structuré en cinq parties qui privilégient une approche spatiale et offrent des comparaisons avec les situations étrangères (Berlin, Bruxelles, Londres, Rome, Madrid). Le cahier cartographique inséré dans le volume vient [End Page 135] ainsi étayer certaines contributions fondées sur l’exploitation de sources récemment numérisées (cartes de l’Institut géographique national) et dont l’apport méthodologique, déjà exposé par ailleurs, est indéniable pour l’histoire urbaine (Jean-Luc Pinol, Claire-Charlotte Butez et Emmanuelle Regagnon). Au-delà des apports méthodologiques, trois thèmes se dégagent de l’ensemble de ces contributions.

En premier lieu, celui des acteurs. Qui œuvre à l’agrandissement de Paris ? Le projet ministériel de la monarchie de Juillet sur la construction des fortifications gomme la dimension politique au profit de l’expertise technique et militaire, davantage fédératrice (Frédéric Moret). La volonté impériale d’annexion se saisit a contrario d’un contexte politique éminemment porteur à l’issue de la victoire d’Italie (Bernard Gaudillère). Les élus locaux, eux, composent entre absence de pouvoir d’opposition et aide financière espérée pour les réseaux de voirie, d’assainissement, etc. (Virginie Capizzi, Emmanuel Bellanger).

Cette dernière remarque conduit au deuxième thème qui parcourt l’ouvrage, celui des moyens utilisés pour agrandir Paris. Quels sont les vecteurs d’intégration spatiale ? Les réseaux, notamment de transports, en constituent un parfaitement connu (Pascal Désabres, Benedikte Zitouni, Stéphane Füzesséry). De même, les réalisations architecturales représentent des marqueurs identitaires, facteurs d’intégration des nouveaux arrondissements (Géraldine Texier-Rideau). En revanche, ce qui est moins étudié mais tout aussi fondamental, est l’utilisation de la fiscalité. La question fiscale, présente dans ce volume à travers l’octroi et les taxes foncières, émerge ainsi comme l’apport le plus original de l’ouvrage (Virginie Capizzi, Nathalie Montel). Paramètre déterminant à la fois dans les débats et dans les modalités de réalisation de l’extension de Paris, la fiscalité est à double tranchant. Facteur d’intégration des nouveaux territoires par une harmonisation des taux et des taxes, elle peut également, dans le cas contraire, accentuer la césure entre Paris et sa banlieue, césure fiscale dont la pérennité gagne à être rappelée. D’ailleurs, les habitants de la « petite banlieue » ne s...

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