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Reviewed by:
  • Les Paris de l’industrie, 1750–1920 by Thomas LE ROUX
  • Serge Chassagne
Thomas LE ROUX (dir.), Les Paris de l’industrie, 1750–1920, Grâne, Créaphis, 2013, 160 p.

On peut difficilement faire mieux : évoquer avec précision l’évolution de l’industrie dans l’agglomération parisienne du milieu du XVIIIe siècle au lendemain de la Première Guerre mondiale et le faire avec une iconographie souvent inédite, due aux recherches de Nicolas Pierrot. Premières grandes entreprises : la teinturerie des Gobelins, le long de la Bièvre, siège de la manufacture des meubles de la Couronne fondée par Colbert et, vers 1770, la manufacture de papiers peints de Réveillon, rue de Montreuil (transférée de Courtalain, dans le Perche). La première machine à vapeur est installée en 1779 à Chaillot, dans l’atelier des frères Périer, tandis que la même année s’implante, à Javel, la manufacture d’acide sulfurique soutenue par le comte d’Artois, où « s’expérimentent les productions industrielles les plus innovantes » (p. 21). La Révolution « accélère l’industrialisation engagée » : ateliers d’armes, fonderies de canons, raffineries de salpêtre, tannerie de l’île de Sèvres qui prend alors le nom de l’entrepreneur Seguin, collaborateur de Lavoisier. Mais ce Paris connaît aussi, avec l’explosion de la poudrerie de Grenelle le 31 août 1794, la première catastrophe industrielle (600 morts et 800 blessés) qui entraîne une première gestion par l’État des accidents du travail (encart p. 40–43).

Chaptal, animateur des poudreries sous la Terreur et créateur en 1798 d’une usine d’acide sulfurique aux Ternes, puis ministre de l’Intérieur du Consulat (1801–1804), « incarne le nouveau credo des autorités : l’industrialisme » (p. 28). Il fonde en 1801 la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (toujours existante, en face de l’église Saint-Germain-des-Prés) et relance, en 1806, l’exposition des produits de l’industrie, créée par son prédécesseur François de Neufchâteau, « miroir de la nouvelle idéologie », que la monarchie constitutionnelle poursuit de 1819 à 1849, avant que n’apparaissent, après Londres en 1851, les expositions universelles (1855, 1867, 1878, 1889 et 1900). « Pollueur, expert commandité pour évaluer cette pollution, Chaptal fonde la régulation environnementale de l’industrie pour deux siècles » avec la loi de 1810 sur les établissements insalubres. En 1819, il publie De l’industrie [End Page 131] en France qui offre « un socle théorique à l’exaltation de l’industrie » et, dans les années suivantes, la manufacture de Sèvres célèbre les progrès de l’industrie dans une série de 119 assiettes décorées par le peintre Develly. Cette promotion de l’industrie se poursuit avec la publication à partir de 1859 des Grandes usines de Turgan et celle, dès 1873, des Merveilles de l’industrie de Figuier. S’y ajoutent l’exposition de la statue de la Liberté en 1878 et l’érection de la tour Eiffel en 1889. L’auteur montre que, « contrairement à une idée reçue, Paris n’a pas exclu l’industrie avant la fin du siècle » : « alors qu’une métallurgie de précision (orfèvrerie, bronze, dorure, ornementation) continue de dominer les quartiers de la rive droite, le secteur du cuivre (chaudronneries et fonderies) du Nord-Est parisien prospère […] et que sur les franges urbaines se greffent des usines de machines-outils accueillant plusieurs centaines d’ouvriers : ainsi Pauwels et Calla au faubourg Poissonnière, Cavé au faubourg Saint-Denis, et Gouin, constructeur de locomotives, aux Batignolles » (p. 50–51).

Exemple de cette extension progressive : le fabricant d’instruments de musique Gautrot, établi dès 1845 dans le Marais et premier facteur à introduire la machine à vapeur dans ses ateliers ; la prospérité de l’entreprise amène son gendre Couesnon à acquérir un terrain rue d’Angoulême et à y établir une usine fonctionnelle (cédée à la CGT en 1936 et désormais connue comme Maison des Métallos, prot...

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