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Reviewed by:
  • Nouvelles questions féministesby Martine Chaponnière, Patricia Roux, et Lucile Ruault
  • Karina Soucy
Martine Chaponnière, Patricia Roux, Lucile Ruault (dir.), Nouvelles formes de militantisme féministe (II) Nouvelles questions féministes, 36 ( 2), Lausanne: Éditions Antipodes, 2017, 160 pages.

Comme son titre le laisse deviner, ce numéro de Nouvelles questions féministesdresse un portrait du militantisme féministe contemporain. La légitimité constitue l'enjeu transversal de la section « Grand angle », et sans surprise l'intersectionnalité teinte l'ensemble des textes publiés. L'éditorial avec lequel s'ouvre l'ouvrage offre une première clé pour répondre à la question de la légitimité au coeur de l'engagement féministe actuel dont les articles publiés font écho. Pour les coordonnatrices de l'ouvrage, les pratiques et les luttes estimées légitimes se situent en fonction des trois niveaux suivants : 1) d'abord, au nom de qui la parole est-elle prise, 2) ensuite comment l'imbrication des formes de pouvoir participe à légitimer l'action et 3) enfin la manière dont l'attention portée à l'estime de soi assure la composition d'une légitimité individuelle puis potentiellement collective. Il s'agit d'un rapport fondamental pour les autrices, puisqu'il s'inscrit en filigrane de l'ensemble des réflexions proposées sur le militantisme féministe contemporain. Dit autrement, en prêtant attention aux luttes féministes actuelles une diversité de formes, de principes et de pratiques émergent, ainsi que l'émergence d'un point commun soit l'inter-influence entre la pratique et la théorie. Les textes proposés dans ce numéro défendent exclusivement une posture empirique et soulignent le rôle du militantisme comme apport à la théorie. Mais ce choix éditorial ne devrait pas éclipser les empreintes théoriques retrouvées tout au long des tableaux brossés, comme l'intersectionnalité ou l'autonomie. Cet aspect apparaît nécessaire à la compréhension des parties subséquentes de l'ouvrage.

Les pratiques et ancrages territoriaux des terrains à l'étude varient : des collectifs autonomes brésiliens, des cours d'autodéfense féministe en France, des pratiques et engagement féministes sur Internet, l'exploration d'une division entre un militantisme féministe de la Cause et un féminisme du Quotidien et des mouvements pour les droits sexuels au Québec. Cette dernière recherche achevée par Caroline Jacquet, Geneviève Pagé et Magaly Pirotte ouvre la marche et s'attaque aux transformations du mouvement féministe et à l'adaptation des concepts associés aux luttes pour la santé et les droits reproductifs et sexuels dans les dernières décennies. À l'origine de la réflexion se trouve l'expérience étatsunienne qui témoigne de l'émergence dans les années 1990 d'une mobilisation de femmes racisées et autochtones pour une justice reproductive. Au coeur de leurs revendications se dégagent des enjeux liés à l'oppression reproductive comme les stérilisations forcées ou l'enlèvement des enfants par les services sociaux ou les agents frontaliers, problématiques ignorées par le mouvement pro-choix dominant qui se concentre principalement sur le droit à l'avortement. De la sorte, le mouvement pour la justice reproductive vise à entraîner les femmes blanches de classe moyenne à se débarrasser de leurs oeillères afin de dresser un portrait plus juste de la complexité des droits sexuels et reproductifs. Les chercheuses ont vérifié l'existence d'un phénomène similaire au Québec. Or, il s'avère qu'au fil des décennies l'écart entre les revendications et les pratiques des mouvements féministes québécois s'est révélé moins net qu'aux États-Unis. Pour les autrices, « on ne peut pas parler d'une rupture claire entre les luttes du passé et du présent, mais plutôt de transformations et d'adaptations conceptuelles non linéaires. Le modèle étatsunien, en ce sens, ne peut être généralisé pour comprendre la situation québécoise. » (31) La force du mouvement féministe québécois tient...

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