Abstract

Résumé:

L'école est un lieu où sont mis en acte quotidiennement des temporalités spécifiques dans les pratiques éducatives des enseignantes et enseignants, tant au sein des classes que dans les autres espaces des établissements. Cet article, basé sur une recherche ethnographique dans plus de 15 écoles en Suisse, s'intéresse à la temporalité accélérée qui prédomine dans les écoles dites « internationales », dont l'expansion est massive depuis les années 2000. Nous suggérons que les écoles internationales, qui posent explicitement le lien entre condition cosmopolite et incertitude comme contexte de formation, visent à former des élèves autonomes et capables de répondre aux exigences de flexibilité et de mobilité qui caractérisent le modèle de l'entreprise multinationale. Dans ce contexte, l'article argumente que c'est notamment par la dimension temporelle des technologies d'enseignement propres au champ de l'éducation internationale que les avantages initiaux de la position des élèves sont maintenus voire accrus. Le processus d'autonomisation des élèves que nous décrivons prend plusieurs formes – temporelles et spatiales – qui constituent les deux axes de l'article : l'un aborde la temporalité accélérée qui prédomine dans l'espace de l'école, et l'autre aborde les effets des reconfigurations spatiales de l'école sur les temporalités d'apprentissage. Finalement, l'article discute la position ambivalente des enseignants face à ces transformations du temps scolaire, entre adhésion au potentiel émancipateur qu'elles apportent à la relation pédagogique et précarisation de leurs conditions cadres.

Abstract:

Schools are places where specific temporalities are enacted daily through teaching practices both inside and outside the classrooms. This paper, which draws on ethnographic research in more than fifteen international private schools in Switzerland, looks at the accelerated temporality that prevails in these schools. International private schools have been expanding massively in Switzerland since the 2000s. We suggest that international schools, which explicitly forge a link between the cosmopolitan condition and uncertainty as a context of learning, train students to be autonomous and to be able to cope with the exigencies of flexibility and mobility that characterize the model of the multinational corporation. In this context, the article argues that it is through the temporal dimension of teaching technologies in international schools that the initial social advantages of students are maintained and enhanced. The process of autonomisation that we describe take several forms – temporal and spatial – which constitute the two axes of the article: the first addresses the accelerated temporality in the space of the school, and the other looks at the effects of the spatial reordering of the school upon learning temporalities. Finally, we discuss the ambivalent position of teachers towards these temporal transformations, wavering between belief in their emancipatory potential and increasing precarity of employment conditions.

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