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Reviewed by:
  • Managing Madness: Weyburn Mental Hospital and the Transformation of Psychiatric Care in Canada by Erika Dyck et Alex Deighton
  • Alexandre Klein
Dyck, Erika et Alex Deighton – Managing Madness: Weyburn Mental Hospital and the Transformation of Psychiatric Care in Canada. Winnipeg, University of Manitoba Press, 2017.

Il est aisé, lorsqu'on s'attache à écrire l'histoire d'une institution de soins, de tomber dans l'hagiographie et la prosopographie, d'autant plus quand la demande ou l'idée d'un tel projet émane de l'administration ou, comme dans le cas présent, d'un ancien soignant de l'établissement. Mais ce n'est pas dans les habitudes de l'historienne Erika Dyck, titulaire de la chaire de recherche du Canada en histoire de la médecine à l'Université de la Saskatchewan, de s'engager dans des voies traditionnelles et trop souvent empruntées; ses recherches sur le LSD, l'eugénisme et la psychiatrie des Prairies en témoignent. Nul doute, donc, qu'en s'attaquant à l'histoire du Weyburn Mental Hospital, le deuxième hôpital psychiatrique de la Saskatchewan, ouvert en 1921, elle allait produire une étude originale, qui sorte des sentiers battus. Et c'est peu dire que cet ouvrage est loin des classiques histoires d'hôpitaux qui hantent encore souvent les rayons d'histoire de la médecine de nos bibliothèques.

Avec Managing Madness, Erika Dyck relève avec une grande habileté un défi de taille : celui de produire une histoire institutionnelle passionnante qui soit également une histoire sociale, scientifique et politique particulièrement riche de la santé mentale en Saskatchewan, le tout en travaillant avec une équipe multidisciplinaire. Car en plus d'Alex Deighton, un de ses anciens étudiants de maîtrise avec qui elle signe l'ouvrage, Dyck s'est associée, pour écrire ce livre, avec un étudiant en médecine du nom d'Alex Dyck (aucun lien de parenté), le psychiatre Hugh Lafave, qui travailla dans l'établissement à partir des années 1960, ainsi que les psychologues Gary Gerber et John Mills. Enfin, à la mort de ce dernier, elle œuvra aux côtés de sa femme et de son fils pour finaliser sa contribution à l'ouvrage. Malgré cette équipe nombreuse et diverse, le résultat [End Page 226] final est d'une cohérence et d'une unité semblables à celles d'une monographie rédigée par une seule personne.

Le livre comprend huit chapitres à la fois thématiques et chronologiques. Il commence par une imposante introduction, dans laquelle les auteurs s'interrogent sur les regards pluriels qui peuvent être portés sur l'asile et sur les enjeux et défis de leur mutualisation au sein d'une histoire qui fasse sens. Erika Dyck et ses collaborateurs ne cachent d'ailleurs rien des difficultés rencontrées pour intégrer les perspectives, parfois divergentes, de chacun sur ce que fut la vie dans cet asile psychiatrique, souvent considéré comme le dernier construit dans le Commonwealth et le plus grand d'Amérique du Nord. Ils indiquent en outre leur attachement commun à tenir compte du regard et du vécu des patients qui fréquentèrent l'institution. L'introduction débute d'ailleurs par le récit fictionnel de William, interné aux premières heures de l'établissement. À l'aune des grandes lois encadrant au long du XXe siècle la prise en charge des malades mentaux dans la province, les auteurs tissent ensuite la trame des chapitres à venir.

Le tout premier présente d'abord le contexte social et politique qui a conduit à l'ouverture de ce nouvel asile en décembre 1921. Le développement de l'hygiène mentale, porté notamment au niveau national par le Canadian National Committee for Mental Hygiene, et la surpopulation du premier hôpital psychiatrique de la province, le North Battleford Mental Hospital, s'ajoutent à l'enthousiasme politique des « boosteristes » pour expliquer l'émergence de cette imposante structure victorienne, alors vue comme un marqueur de la puissante civilisation britannique, dans la petite ville de Weyburn. Le deuxième chapitre traite ensuite de la vie dans ce temple de la civilisation. Il marque d...

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