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  • Une histoire populaire de la France: de la Guerre de Cent Ans à nos jours par Gérard Noiriel
  • Edward Ousselin
Une histoire populaire de la France: de la Guerre de Cent Ans à nos jours. Par Gérard Noiriel. (Mémoires sociales.) Marseille: Agone, 2018. 829 pp.

Le titre de cet ouvrage évoque immédiatement A People's History of the United States de Howard Zinn (New York: Harper & Row, 1980). Cependant, Gérard Noiriel tient à se démarquer, du moins partiellement, de ce célèbre modèle: 'plutôt que d'adopter le point de vue des dominés, j'ai privilégié l'analyse de la domination, entendue comme l'ensemble des relations de pouvoir qui lient les hommes entre eux' (p. 9; c'est l'auteur qui souligne). En effet, tout au long de cette étude historique, l'orientation idéologique de Noiriel est clairement surdéterminée par le schéma traditionnel des luttes de classes, ce que renforce sa conclusion générale—'De quel avenir Emmanuel Macron est-il le nom?'—qui se termine par une citation célèbre du Manifeste du Parti communiste (1848) de Marx et Engels (p. 750). Dans son Avant-propos, Noiriel indique également que son approche est influencée par ceux 'qui ont le plus compté dans [s]a formation intellectuelle, à savoir Karl Marx et Pierre Bourdieu' (p. 10). En ce qui concerne le développement de la société française, le rôle de l'État centralisateur est évidemment fondamental. Noiriel fait donc logiquement débuter son analyse 'à la fin du Moyen Âge, c'est-à-dire au moment où l'État monarchique s'est imposé' (p. 9). Le premier chapitre, consacré à 'Jeanne d'Arc, malgré tout', illustre les ambiguïtés des symboles du passé, qu'ils soient consensuels ou non. De Michelet à Le Pen, en passant par Péguy ou Aragon, l'épopée ou le mythe de la 'mère de la nation française' a été adaptée aux divers besoins idéologiques des récits fondateurs et des mouvements politiques. Plus prosaïquement, Noiriel a choisi 'la bonne Lorraine' pour point de départ 'tout simplement parce que la France s'est définitivement imposée sur la scène de l'histoire à son époque' (p. 15). Les quinze autres chapitres sont organisées chronologiquement, avec toutefois des discontinuités. L'auteur privilégie la longue durée, mais consacre également de longs développements à des périodes historiques marquantes. Il incorpore d'autre part l'histoire coloniale, en particulier dans les chapitres 4 et 10. Noiriel parvient souvent à présenter des événements ou des aspects peu connus au cours d'un récit historique que l'on croyait pourtant déjà connaître. Par exemple, au début du chapitre 16, intitulé 'La Dernière Nuit des prolétaires', il indique qu'un 'phénomène exceptionnel s'est produit au cours de l'année 1989, bien plus important que le bicentenaire de la Révolution française' (p. 687). Ce phénomène, c'est le fait que la France ait connu la plus longue période de son histoire 'sans guerre sur son territoire ou sans révolution' (ibid.). Le chapitre est consacré aux conséquences sociales de cette longue période de paix, mais aussi de crise économique quasi continue depuis le milieu des années 1970. À la fois survol général et somme d'études minutieuses, l'ouvrage de Noiriel est à recommander à tous ceux qui cherchent à mieux comprendre les longues évolutions socioculturelles et les ruptures historiques brutales en France.

Edward Ousselin
Western Washington University
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